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Le couturier russe Slava Zaïtsev, "tsar de la mode soviétique", est mort à 85 ans

Selon ses collègues de l'Académie russe des Beaux Arts, dont il était membre, le couturier est décédé après une longue maladie.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le couturier russe Viacheslav "Slava" Zaïtsev présente ses créations au Bolchoï, à Moscou (Russie), le 15 juin 2001. (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

Le couturier russe Viatcheslav "Slava" Zaïtsev, surnommé par la presse occidentale le "Dior rouge" et le "tsar de la mode soviétique", est mort dimanche 30 avril à 85 ans, après une longue maladie. La porte-parole de sa maison de mode moscovite, Kira Bourenina, a confirmé à l'AFP cette information des médias russes. Début mars, lorsqu'il "a réuni ses amis pour son anniversaire, on voyait déjà qu'il était très, très faible", a-t-elle précisé.

La chaîne publique russe Pervy Kanal a rendu hommage à cet homme "qui a dicté la mode soviétique et russe pendant des décennies, un novateur qui n'a pas eu peur d'expériences audacieuses". "C'est une grande perte pour le monde de la mode mondiale", a déclaré le styliste russe Sergueï Zverev, cité par l'agence publique Ria Novosti, en déplorant le départ d'une "légende".

Pionnier de la mode soviétique

Le couturier, qui a créé plus d'un millier de modèles pendant sa carrière, s'était fait connaître dans le monde avec ses robes reprenant les motifs flamboyants des châles traditionnels de son pays. "Je peux habiller toute une parade sur la place Rouge avec mes vêtements", disait Slava Zaïtsev en 2017 dans un entretien à l'AFP. En 1963, l'hebdomadaire Paris Match est devenu le premier magazine en Occident à le présenter comme un pionnier de la mode soviétique, le comparant à Christian Dior. En 1988, le magazine Vogue l'avait baptisé "tsar de la mode soviétique". Il avait connu un grand succès public en 1991 avec la sortie de son parfum Maroussia.

Né le 2 mars 1938 à Ivanovo, une ville de 400 000 habitants au nord-est de Moscou, Zaïtsev a grandi dans une famille modeste, sa mère étant femme de ménage. Il a étudié d'abord dans un lycée technique spécialisé dans la chimie puis est entré à l'Institut du textile de Moscou.

"Quand j'étais enfant, ma mère m'avait appris à broder pour que je ne traîne pas dans la rue sans but. Le soir, avec des copines, on cueillait des fleurs sur l'avenue Lénine pour les dessiner et reproduire ces dessins dans des broderies. C'est comme ça que je me suis initié à l'art", avait confié le créateur à l'AFP en 2017.

Surveillé par le KGB

En 1962, sa première collection de tenues de travail pour les ouvrières – des jupes inspirées des motifs à fleurs des châles traditionnels russes et des bottes feutrées multicolores – a été interdite par les autorités soviétiques. La raison ? Des couleurs "trop vives" qui contrastaient avec "la grisaille du quotidien soviétique, où personne ne devait se distinguer des autres", selon Slava Zaïtsev. 

Surveillé par le KGB à cause de ses contacts avec les couturiers occidentaux et son caractère d'électron libre, Zaïtsev n'avait pas l'autorisation de quitter le pays et ses premières collections ont voyagé à l'étranger sans lui. Entre 2007 et 2009, le couturier a animé à la télévision une émission populaire, "Le verdict de la mode", où des stylistes relookaient des femmes au foyer.

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