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Le bijou d’art contemporain trouve son "Ecrin" à Limoges

Lavitrine accueille une exposition collective autour du bijou dans l’art contemporain. "Écrin" rassemble des oeuvres -objets, sculptures, installations, vidéo, documents- de cinq artistes français et étrangers - Monika Brugger, Daniel Chust Peters, Yolanda Gutiérrez, Laurent Moriceau et Miguel Rothschild.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L’artiste mexicaine Yolanda Gutiérrez partage la philosophie précolombienne selon laquelle la divinité se manifeste dans tous les aspects de la nature. Elle utilise souvent des matériaux naturels pour son art objectuel. L’oeuvre Resplandor de 2006 (étoile de mer et plumes) a été réalisée à l’occasion d’une résidence d’artistes à l’automne 2006 à Colmar en vue d’une exposition personnelle.
 (Courtesy Galerie UNA)

Pour sa première exposition, Maribel Nadal Jové, transforme l’espace de Lavitrine en une joaillerie atypique, à la fois objet du quotidien et objet de luxe. Un bijou est un élément de parure corporelle qui peut être porté sur ou en dessous d’un vêtement, à même la peau, parfois même dans le corps. L’exposition présente des oeuvres qui, par leurs formes et leurs matières, rappellent ces ornements les plus classiques : anneaux, bracelets, broches et colliers. Mais outre ses fonctions décoratives, le bijou évoque de multiples intentions. Ces oeuvres-bijoux attisent ici la curiosité. 

Airless, reproduction miniature en argent de l'atelier de Daniel Chust Peters, qui, par sa forme et son éclat, évoque un bijou. 
 (Courtesy Galerie UNA)
Daniel Chust Peters : un atelier-bijou
A l’entrée, le visiteur découvre une petite sculpture de l’artiste espagnol Daniel Chust Peters : Airwick (2010), reproduction de la forme de son atelier barcelonais conçue comme un coffret à bijoux en bois d’orme. L’objet est accompagné d’un texte explicatif sur le projet à venir dont le résultat sera une vidéo. L’artiste souhaite abandonner son oeuvre dans l’espace public. Elle sera filmée jusqu’à sa disparition, qu’elle soit emportée ou détruite. Est également présentée son oeuvre Airless (2004), reproduction miniature en argent de son atelier qui, par sa forme et son éclat, évoque un bijou. L'installation inclut une micro caméra connectée à un projecteur qui renvoie une image agrandie de l'atelier en miniature sur l'un des murs. L’artiste a réalisé, en collaboration avec un bijoutier de Barcelone, la reproduction de son atelier en ambre, résine fossile végétale qu’il souhaitait expérimenter.
Une édition de l’artiste argentin Miguel Rothschild, avec sa série de 15 exemplaires Rothschild extra sensible (1996) surprend le visiteur. Il s’agit d’un préservatif en forme de lèvres - celles de l’artiste - présenté tel un joyau dans son écrin dont la marque a été remplacée par « Rothschild ». 
 (Courtesy Galerie UNA)
Miguel Rothschild, une marque nom de famille
Une édition de l’artiste argentin Miguel Rothschild, avec sa série de 15 exemplaires Rothschild extra sensible (1996) surprend le visiteur. Il s’agit d’un préservatif en forme de lèvres - celles de l’artiste - présenté tel un joyau dans son écrin dont la marque a été remplacée par « Rothschild ». Comme dans plusieurs de ses oeuvres, l’artiste utilise avec ironie son nom de famille, fortement connoté et lié au pouvoir économique et aux produits de luxe.
Laurent Moriceau a envisagé, en l’an 2000, expérimenter la fabrication de perles d’argent dans un labo photographique. 
 (Courtesy Galerie UNA)
Les perles de Laurent Moriceau
Laurent Moriceaua envisagé, en l’an 2000, d'expérimenter la fabrication de perles d’argent dans un labo photographique. Cette proposition adressée à l’École de Beaux Arts de Nantes est restée au stade de projet. Le visiteur découvre ici une lettre dans laquelle l’artiste décrit ses envies et les perspectives de ce projet. Le bijou comme parure éphémère se devine dans sa vidéo intitulée Found and Lost (2001), soit 1’28 min. d’apparition et de disparition d'un bijou effervescent. Au-delà de la sensualité de la proposition, Laurent Moriceau offre un relief particulier à l’un de ses leitmotifs : l’effervescence, la dissémination, le diffus.
En 2009, l’artiste mexicaine Yolanda Gutiérrez réalise pour l’exposition Jardins #1 à la Graineterie de Houilles, l’oeuvre Le secret du jardin. Cette pièce, conçue en collaboration avec une biologiste, évoque la molécule de l’ADN, invisible à l’oeil nu. 
 (Courtesy Galerie UNA)
Yolanda Gutiérrez, une ode à la nature
L’artiste mexicaine Yolanda Gutiérrez partage la philosophie précolombienne selon laquelle la divinité se manifeste dans tous les aspects de la nature. Elle utilise souvent des matériaux naturels pour son art objectuel. Leur poésie tend à réanimer l’esprit végétal et animal à travers des associations qui prennent en compte le respect de l’ordre naturel, de la mort et de la vie. L’oeuvre Resplandor de 2006 (étoile de mer et plumes) a été réalisée à l’occasion d’une résidence d’artistes à l’automne 2006 à Colmar en vue d’une exposition personnelle. Plusieurs oeuvres qu’elle a créées là-bas s’inspirent de la lumière de l’auréole du Christ du retable de Grünewald. Dans cette pièce, étant donné sa forme (parure) et les recherches plastiques de l’artiste, on retrouve une évocation de la fonction « magico religieuse » du bijou. Dans cette ligne, les objets sont des amulettes, gris-gris, talismans, objets « thérapeutiques » qui protègent leur porteur ou parfois le « soignent ». 
L’artiste mexicaine Yolanda Gutiérrez partage la philosophie précolombienne selon laquelle la divinité se manifeste dans tous les aspects de la nature. Elle utilise souvent des matériaux naturels pour son art objectuel. L’oeuvre Resplandor de 2006 (étoile de mer et plumes) a été réalisée à l’occasion d’une résidence d’artistes à l’automne 2006 à Colmar en vue d’une exposition personnelle.
 (Courtesy Galerie UNA)
En 2009, l’artiste mexicaine Yolanda Gutiérrez réalise, pour l’exposition Jardins #1 à la Graineterie de Houilles, l’oeuvre Le secret du jArDiN. Cette pièce, conçue en collaboration avec une biologiste, évoque la molécule de l’ADN, invisible à l’oeil nu. Elle prend la forme d’une grande chaîne en macramé aux fibres du henequen, plante originaire du sud-est mexicain, avec des éléments de la nature mexicaine qui y sont accrochés, comme un jardin peuplé d’organismes réels et chimériques représentant la naissance et l’évolution de la vie.
Monika Brugger est enseignante d’émail et bijou à l’ENSA de Limoges. L’exposition présente des empreintes "du bout des doigts" transformées en bagues, suggérant une intimité érotisée.
 (Corinne Janier. Paris Courtesy de l’artiste)
Monika Brugger, des bijoux symboles
Monika Brugger est enseignante d’émail et bijou à l’ENSA de Limoges. « À contre courant du grand monde du bijou et de son flot de créations inscrites entre design/joaillerie, arrogances débridées ou fantaisie, elle travaille sur la complicité des mots, des symboles, des fonctions et des formes. Discrets et denses, acides ou moqueurs, souvent critiques et toujours chargés de sens plus que d’or et de diamants, ses bijoux représentent des objets poétiques établis entre le sens de la matière et le sens des mots ». L’exposition présente des empreintes "du bout des doigts" transformées en bagues.
 
Exposition "Ecrin" du 20 juin au 26 juillet 2014. Lavitrine. Association LAC&S. 4, rue Raspail. 87 000 Limoges. Du mercredi au samedi de 14h30 à 18h30 et sur rendez-vous. Entrée libre

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