"Chalayan est un des designers les plus créatifs et les plus provocateurs dans la mode aujourd'hui", indique Goga Ashkenazi, femme d'affaires kazakh qui a pris en 2012 le contrôle de la marque de couture française centenaire Madeleine Vionnet. "L'énergie créative et l'approche entrepreneuriale de Goga Ashkenazi combinées à l'héritage de cette maison rend cette collaboration très excitante pour moi" a déclaré, de son côté, Hussein Chalayan. Vionnet automne-hiver 2013-2014, demi couture, défilé à Paris (DR) La ligne demi couture de Vionnet, qui en est à sa 3e saison, "mixe des matériaux de haute qualité, l'artisanat de la haute couture traditionnelle avec l'accessibilité du prêt-à-porter", précise la maison Vionnet. "Inspirée de l'héritage de la fondatrice de la maison Madeleine Vionnet", qui avait créé sa maison en 1912 et qui est considérée comme l'une des plus grandes couturières françaises, "chaque robe est une pièce unique". Hussein Chalayan, défilé en 2007 lors de la semaine de mode à Paris (MAXPPP) Hussein Chalayan est connu pour son travail avant-gardiste et sa recherche sur les tissus technologiques. Il est volontiers provocateur, comme en 1997, où il avait fait défiler des mannequins partiellement couvertes d'une burqa, de plus en plus courte, jusqu'à laisser voir un pubis nu, puis le corps entier. Hussein Chalayan, défilé en 2006 lors de la semaine de mode à Paris (MAXPPP) Vionnet, une maison centenaire novatriceNé en 1876, Madeleine Vionnet est morte à Paris en 1975. Qualifiée "d'architecte parmi les couturières", elle a été formée à Londres avec Kate Reilly, fournisseur de la famille royale britannique, avant de revenir en France, où elle a travaillé avec les soeurs Callot et plus tard avec Jacques Doucet. Elle a fondé sa maison de couture en 1912 mais a dû la fermer deux ans plus tard en raison de la Première Guerre mondiale. Madeleine Vionnet dans son atelier en 1920 avec un de ses mannequins mesurant 80 centimètres sur lequel elle travaillait ses modèles (DR) Elle a eu un énorme succès dans les années vingt, succès qui a culminé en 1923 quand elle a ouvert ses nouveaux locaux avenue Montaigne, appelé, à cette époque, le "Temple de la Mode". Cet atelier-boutique spectaculaire était le résultat de la collaboration entre l'architecte Ferdinand Chanut, le décorateur Georges de Feure et le sculpteur de cristal, René Lalique. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Vionnet ferme sa maison de couture. Vionnet, robe de soirée 1935 (FRANCOIS GUILLOT / AFP) La maison Vionnet a développé de nombreux concepts et stratégies créatives et commerciales qui, aujourd'hui encore, caractérisent la mode. Elle a impressionné le monde de la couture avec son approche novatrice, ses compétences vestimentaires et l'équilibre parfait entre l'expérimentation et l'élégance. L'inventrice de la coupe en biais, reine du drapage, la couturière a libéré le corps féminin des corsets. Puisant son inspiration dans l'art grec, elle a créé des vêtements qui épousaient la forme du corps tout en fluidité. Vionnet, robe de soirée 1938 (FRANCOIS GUILLOT / AFP) La marque de luxe française rachetée par Kazakh Goga AshkenaziLa griffe Vionnet avait été liquidée en 1940 mais le nom avait été racheté en 1988 par la famille de philanthropes Lummen, qui avait alors relancé la marque. Ensuite, l'italien Matteo Marzotto a repris la griffe en 2009 avec Gianni Castiglioni. En 2012, la femme d'affaires kazakh Goga Ashkenazi a pris le contrôle de la marque de couture française centenaire Vionnet, en rachetant les parts via son groupe Go To Enterprise