Hedi Slimane remixe les codes Saint Laurent sans le copier
La tension était à son comble lorsque les dalles du plafond descendirent à l'oblique comme pour mieux servir l'acoustique d'une musique rock tonitruante. Presque tous les grands noms de la mode étaient présents, d'Alber Elbaz (Lanvin) à Azzedine Alaïa, en passant par Marc Jacobs (Louis Vuitton, du groupe LVMH ) mais aussi Pierre Bergé et Bettie Catroux, muse et amie fidèle d'Yves Saint Laurent.
La silhouette androgyne et nerveuse des costumes noirs, pantalon cigarette ou slim en cuir et petites vestes ajustées aux épaules carrées, s'adoucit de transparentes blouses de mousseline fermées par un large jabot. Elle se décline aussi en version bermuda ou en veste pailletée d'or. Le couturier a puisé dans les pièces icôniques du vestiaire YSL. De longues capes de soie s'inspirent du burnous cher au couturier qui vécut longtemps à Marrakech tandis que les sahariennes se retrouvent dans de sensuelles vestes en peau couleur camel ou cuir noir laçant le buste. Mais son talent s'exerce tout aussi bien dans le flou, avec une série de robes longues, noires, parfois moirées ou réchauffées de micro paletots. La soie liquide, les jeux de transparences et de volants, les épaules nues, le buste à peine dévoilé et la taille étranglée de cuir apportent à la femme Saint Laurent coiffée d'une capeline, un mélange troublant d'ultra-sophistication, de mystère et de nonchalance.
"L'héritage est enfin sauvé, c'est merveilleux. Hedi Slimane sait jouer avec les codes et l'ADN Saint Laurent, sans le copier", a déclaré Pierre Bergé, visiblement ému, à l'issue du défilé. "Il est plus souple que Saint Laurent, moins tailoring", a-t-il ajouté. "Il a traversé toute l'histoire Saint Laurent et en a fait quelque chose pour aujourd'hui", a résumé l'historienne de la mode Florence Muller.
La marque enregistre de bons scores
Le styliste, installé depuis plusieurs années à Los Angeles, a souhaité rester en Californie et y a fait transférer le bureau de style Saint Laurent. La marque, propriété de PPR et rebaptisée Saint Laurent Paris, affiche, avec l'italienne Bottega Veneta, les plus beaux scores des griffes du groupe de luxe. Volant la vedette à Gucci, marque phare de PPR et 2e griffe mondiale par la taille derrière Louis Vuitton, Saint Laurent a vu ses ventes décoller de 41% à 223,5 millions d'euros au premier semestre 2012 et son résultat opérationnel multiplié par 4 à 24,7 millions d'euros.
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