La London Fashion Week, multiculturelle, libre et radicale, fête son 40e anniversaire

En 1984, une tente installée sur un parking à Kensington, dans l'ouest de Londres, accueillait la première édition de la semaine britannique de la mode. Quarante ans plus tard, une soixantaine de maisons, entre talents émergents et incontournables, présentent leurs collections aux quatre coins de la capitale.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Masha Popova automne-hiver 2024-25 à la London Fashion Week le 16 février 2024. (HENRY NICHOLLS / AFP)

Créateurs, influenceurs, acheteurs et célébrités se retrouvent à partir de ce vendredi 16 février à Londres pour les 40 ans de la semaine britannique de la mode, cinq jours qui tenteront de faire oublier un contexte économique morose pour les jeunes designers.

Sur des podiums physiques ou virtuels, une soixantaine de talents émergents et d'icônes comme Burberry présenteront leurs collections automne-hiver 2024-25 aux quatre coins de Londres, et tenteront de transmettre au public l'audace et l'énergie de cette capitale multiculturelle.

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Contrairement aux semaines de la mode de Paris et Milan, qui font la part belle aux maisons réputées, la Fashion Week de Londres a la réputation d'être un écrin pour les jeunes talents, comme l'Ukrainienne Masha Popova ou la créatrice britannico-nigériane Tolu Coker qui ouvrent le bal. 

Le week-end fera place à des noms familiers comme ceux de JW Anderson - dont le designer Jonathan Anderson a été couronné créateur de l'année 2023 par Vogue -, Richard Quinn, Ahluwalia ou Simone Rocha, qui a signé la dernière collection haute couture printemps-été 2024 de Jean Paul Gaultier présentée à Paris en janvier.

Crise du pouvoir d'achat causée par l'inflation

Force est de constater cependant que cette 40e édition ne s'ouvre pas dans un climat radieux pour l'industrie britannique de la mode : après le Brexit, qui a pénalisé les échanges commerciaux avec l'Europe, le Royaume-Uni traverse une dure crise du pouvoir d'achat causée par l'inflation depuis près de deux ans, mettant les jeunes maisons en difficulté.

Ces dernières s'interrogent de plus en plus sur l'opportunité d'investir des milliers de livres dans des défilés, comme l'étoile montante Dilara Findikoglu qui, en septembre 2023, avait choqué en annonçant l'annulation de son défilé à quelques jours de l'échéance pour des raisons financières.

Pour cette industrie qui fait travailler près de 900 000 personnes au Royaume-Uni et rapporte chaque année 24,5 milliards d'euros à l'économie britannique selon le British Fashion Council (BFC), organisateur de l'évènement, c'est une période "incroyablement délicate", reconnaît sa directrice Caroline Rush dans une interview à l'AFP. Mais "ce que 40 ans de recul nous apprennent, c'est que c'est lors des périodes les plus difficiles sur le plan économique que l'on observe la créativité la plus incroyable", souligne-t-elle.

Une tente sur un parking de Kensington

En 1984, une tente installée sur le parking de l'ancien institut du Commonwealth à Kensington, dans l'ouest de Londres, accueillait la première édition de la semaine britannique de la mode. D'abord peu considérée, cette Fashion Week est devenue incontournable grâce à des créateurs mythiques et rebelles comme Vivienne Westwood ou John Galliano, qui ont inscrit la ville sur la carte de la mode, puis avec l'ère "Cool Britannia", à la fin des années 1990, moment d'euphorie culturelle pendant lequel Stella McCartney ou Matthew Williamson habillaient les supermodels Kate Moss et Naomi Campbell.

La semaine londonienne a depuis perdu de son pouvoir d'attraction, avec le départ de créateurs et maisons stars qui préfèrent désormais défiler à Paris, à l'instar d'Alexander McQueen ou Victoria Beckham. Mais le programme de parrainage NEWGEN du British Fashion Council, qui aide les jeunes créateurs à se lancer, a affirmé la position de Londres comme un laboratoire de talents. Et si elle reste moins influente que celle de Paris et Milan, la plus jeune des quatre grandes Fashion Weeks continue de jouir de la réputation d'être plus libre, radicale et moins formatée.

Diversité et inclusivité

Cette édition anniversaire veut aussi être placée sous le signe d'une plus grande diversité et inclusivité, tant dans les corps, l'âge ou la couleur de peau des mannequins, que dans les collections des créateurs, aux identités ou aux inspirations venues des Caraïbes, d'Iran, d'Inde ou d'Ethiopie.

La figure de proue Burberry a déjà commencé à faire monter l'attente pour la troisième collection de son directeur de création anglais Daniel Lee. Depuis quelques jours, le grand magasin Harrod's s'est paré de l'électrique "Knight blue", nouvelle couleur signature de la marque, des uniformes des portiers à la façade de l'institution qui fête ses 175 ans.

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