Il y a un an, Saint Laurent était le premier à rompre avec les Fashion Weeks face aux changements induits par la pandémie de la Covid-19. Depuis Gucci, Celine, Balenciaga, Berluti et d'autres ont suivi ce mouvement. Ce qui plaît et fait vendre.Le styliste belge de Saint Laurent, Anthony Vaccarello, a donné rendez-vous virtuellement ce 28 avril pour la collection femme automne-hiver 2021-22, deux mois après la semaine du prêt-à-porter féminin à Paris. Le précédent défilé numérique de la maison parisienne pour le printemps-été 2021, en décembre 2020, se déroulait dans le désert, un univers à l'opposé du cadre traditionnel des shows Saint Laurent avant la crise sanitaire : au pied de la tour Eiffel."Bien sûr, il y a plus de responsabilité dans ce rythme" choisi L'Italien Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci, a lui aussi surpris avec sa collection Aria il y a deux semaines célébrant les 100 ans de la marque italienne avec une liberté jamais vue. Les logos de Gucci et de Balenciaga, côte à côte, ornent des accessoires et certaines pièces de vêtements, dont la coupe rappelle les lignes de Demna Gvasalia, styliste de Balenciaga et ami. Avec l'accord de ce dernier.Ce n'est pas une collaboration mais "du piratage", a plaisanté Alessandro Michele. Un coup de "génie" pour la critique de mode du New York Times Vanessa Friedman, permettant de donner un goût "anti-establishment" à une "marque de plusieurs milliards de dollars pourtant bien intégrée dans le système".Dans la foulée, Demna Gvasalia a présenté une collection Balenciaga avec des images "photoshopées", de mannequins posant sur fond des principaux sites touristiques à travers le monde. Sur les réseaux sociaux, est présentée une vidéo avec des animaux de compagnie et des vagues, sans vêtements : un film "feel good" selon Gvasalia, qui tranche avec ses précédents défilés post-apocalyptiques et anxiogènes."Bien sûr, il y a plus de responsabilité dans ce rythme" choisi, a expliqué Alessandro Michele dans une interview à WWD, la bible de la mode, tout en disant se sentir "libre" et avoir retrouvé "la passion d'expérimenter". "La mode n'est pas terminée et ne finira jamais - indépendamment de toute Fashion Week, c'est une représentation de la vie et peut s'autogérer", a-t-il estimé.La Chine, un "marché porteur"Les chiffres confirment ce constat : au premier trimestre, les ventes des géants du secteur comme Kering (Gucci, Saint Laurent, Balenciaga...) et son concurrent LVMH ont dépassé leurs niveaux d'avant la pandémie. L'Asie reste un moteur : LVMH y réalise des ventes en hausse de 86% par rapport à 2020, Kering de 83%.C'est à Shanghaï que la collection Gucci-Balenciaga sera présentée dans les semaines à venir tout comme l'a été celle du prêt-à-porter automne-hiver 2021-22 de l'homme Berluti (LVMH), le 8 avril.C'est "un marché porteur" et "le seul endroit où l'on peut présenter les vêtements à un public vivant", avait alors expliqué le directeur artistique de Berluti, Kris Van Assche, qui a depuis quitté la maison. Son départ a coïncidé avec les annonces du PDG de Berluti, Antoine Arnault, que la maison aura désormais son propre calendrier "pour maintenir le savoir-faire et l'innovation".Souplesse due à la crise sanitaire ou début de la fin des Fashion Weeks ?Hedi Slimane de Celine (LVMH) l'a déjà fait avec deux films poétiques tournés dans des châteaux, mettant en scène les "chevaliers adolescents" à Chambord en février 2021 pour la collection homme et plaçant son défilé femme pour l'automne-hiver 2021-22 dévoilé le 14 avril 2021 à Vaux-le-Vicomte. Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, veut bien croire à un retour à la normale. "Si tout le monde sort du système, tout le monde est perdant. Dans ce contexte, il est bien qu'il y ait des garde-fous, des éléments de crédibilité" comme le calendrier officiel, a-t-il déclaré en janvier 2021 à l'occasion de la Fashion Week virtuelle.