A la Paris Fashion Week, les marques Victoria/Tomas, Léonard et Alexandre Blanc ont choisi de défiler... ou pas
Après la pandémie de la Covid-19, qui a accéléré la révolution numérique, le digital perdure même si l'appétit des marques pour revenir au physique se fait sentir pour 37 sur 97, qui retrouvent le chemin des podiums. Trois créateurs nous expliquent leur choix.
Cette saison, Paris privilégie encore le format hybride mêlant digital et physique lors de la Fashion Week féminine printemps-été 2022 où 97 maisons sont présentes du 27 septembre au 5 octobre 2021. Comme ses consoeurs new-yorkaise, londonienne et milanaise - Paris renoue avec les podiums (37 maisons sont concernées) mais le digital, parfois complété d'une présentation physique, perdure.
Trois créateurs inscrits au calendrier de cette semaine de la mode - Georg Lux (directeur de la création de la maison Léonard), Victoria Feldman et Tomas Berzins (fondateurs de la marque Victoria/Tomas) et Alexandre Blanc - nous expliquent leur choix. Rencontres.
Franceinfo Culture : comment appréhendez-vous ce retour des défilés en public ?
Victoria Feldman et Tomas Berzins : nous sommes ravis de pouvoir à nouveau présenter notre collection devant le public. C'était très important pour nous de non seulement reprendre le défilé physique mais aussi de partager des moments inoubliables et de faire un vrai événement unique. C'est pour ça que cette collection compte six collaborations qui font de cet événement un défilé, une installation artistique, une performance en live et plein d'autres surprises !
Georg Lux : je pense qu’on ne peut qu’apprécier le retour des défilés en public. Cette pandémie a surtout eu pour conséquence de nous isoler, et cet isolement commençait vraiment à nous peser. Cette Paris Fashion Week s’annonce comme un grand souffle d’espoir. Pour ma part, même si nous allons pour la dernière fois j’espère, présenter la collection sous la forme d’une vidéo pré-enregistrée, celle-ci sera suivie par une présentation au sein de notre hôtel particulier et je m’en réjouis.
Alexandre Blanc : cette saison, la Fashion Week est très attendue ! Beaucoup d’interrogations sont cependant encore présentes : les boutiques américaines et asiatiques vont-elles revenir ? Les journalistes internationaux seront-ils tous au rendez-vous?
Votre show se tiendra-t-il en présidentiel ou en digital ?
Victoria Feldman et Tomas Berzins : pour notre défilé du 28 septembre, nous voudrions profiter de ce moment de partage qui va donner des frissons à notre public, ce qui est malheureusement encore impossible via la présentation digitale.
Georg Lux : une importante partie de nos clients asiatiques ne pouvant pas encore voyager facilement en Europe, la maison a fait le choix de ne pas organiser de défilé en public mais de recourir une fois encore à une présentation digitale, ce 1er octobre. Nous avons cependant tenu à rencontrer tous les journalistes ainsi que tous nos clients qui peuvent maintenant, enfin, voyager librement et nous organiserons, j’espère, à nouveau de véritables shows en public dès la saison prochaine.
Alexandre Blanc : l'envie de surprendre et d’aller plus loin dans la création a personnellement été déterminante dans la création de cette nouvelle collection et mes interrogations ont aussi dicté le choix de cette première présentation dans le calendrier le 3 octobre. Il faut être dans le calendrier mais il faut aussi proposer un support numérique pour les gens qui risquent de ne pas pouvoir se déplacer.
Quel changement a induit cette pandémie sur vos collections ?
Victoria Feldman et Tomas Berzins : la production responsable. Désormais toutes les pièces sont produites dans un seul endroit, ce qui évite de nombreuses livraisons. Les collections sont entièrement réversibles pour inspirer les gens à acheter moins et avoir plus de choix dans leurs garde-robes.
Georg Lux : cette pandémie nous a d’abord et avant tout isolés les uns des autres, en nous privant pendant trop longtemps de relations sociales, d’expériences et de découvertes qui nourrissent la créativité. Dessiner entièrement une collection, la construire et la présenter, tout cela dans une bulle aseptisée, est parfois très étrange. Mais cette bulle est aussi très stimulante, car elle nous pousse à créer des choses toujours plus novatrices, en rêvant d’un monde d’après heureux et excitant.
Alexandre Blanc : la crise de la Covid-19 a accéléré un processus déjà en route. Avec des mises en scène qui nécessitent de plus en plus de trouver des lieux surprenants et les difficultés à se déplacer dans Paris, enchaîner les défilés devient de plus en plus difficile. La vidéo est un bon relais pour permettre d’être vu à coup sûr.
Votre façon de présenter votre travail a-elle évoluée ?
Victoria Feldman et Tomas Berzins : ce ne sera pas un défilé classique, c'est un événement qui regroupe des artistes des différents milieux et qui partagent une même vision créative et de futur.
Georg Lux : lancer sa vidéo, à une heure précise sur une plateforme, n’est pas la même chose que de lancer son premier mannequin sur un catwalk. Mais le travail qu’il y a derrière est le même, peut-être même plus grand. Car pour présenter une collection, un défilé est par nature plus captivant qu’un film, on doit donc aussi imaginer tout un univers et une scénographie pour rendre ce film attractif et en faire une vraie proposition.
Alexandre Blanc : initialement la crise de la Covid-19 m’a permis d’aller à l’essentiel, de synthétiser mon plan de collection et de repenser ma façon de travailler.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.