Cet article date de plus de cinq ans.

A la Paris Fashion Week, les hommes aussi portent des robes

Pour deux marques - le Français Phipps et l'Américaine Bode - c'était l'épreuve du feu puisque ces très jeunes labels, inconnus du public, faisaient leur premiers pas sur les catwalks parisiens présentant le printemps-été 2020. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Défilé masculin Palomo Spain printemps-été 2020 à la Paris Fashion Week, le 18 juin 2019 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Mardi 18 juin, en ouverture du marathon des 60 défilés de la semaine du prêt-à porter homme inscrits dans le calendrier de la Fédération de la haute couture et de la mode à Paris, les jeunes talents sont nombreux. 

Pour cette première journée de PFW, le plus souvent réservée aux plus jeunes créateurs -, ils ont flirté avec le genre faisant porter aux hommes robes, dentelles et hauts en crochets.

Phipps : les cowboys s'habillent en robe

Les cowboys de la marque parisienne unisexe Phipps, lancée par le Californien Spencer Phipps en 2018, portent des robes sous des vestes oversize avec des chaussures de randonnée dans son premier défilé en France baptisé "Like un rock" (comme un rocher).

Adepte de la mode 100% éco-responsable, Phipps, ex-styliste des collections homme de Dries Van Noten, qui a aussi travaillé pour Marc Jacobs, utilise des tissus teints avec des éléments naturels, sans colle et biodégradable. Une parka "sac de couchage" est rembourrée de matière thermique recyclée. Les couleurs sont proches de la terre, sable, ocre, rubis, bleu pétrole, les coupes fonctionnelles pour être portées à l'extérieur dans des conditions météo extrêmes. Des motifs oeil de tigre ou jaspe de l'océan apportent une touche psychédélique.

Défilé masculin Phipps printemps-été 2020 à la Paris Fashion Week, le 18 juin 2019 (ESTROP / GETTY IMAGES EUROPE)

Bode : hauts transparents et fichus

La styliste new-yorkaise Emily Adams Bode, finaliste du Prix LVMH 2019, a présenté un spectacle empreint de nostalgie avec des mannequins androgynes, en chausson de danse. Patchwork (signature de la marque Bode), combinaisons vintage à rayures couleur de terre, chemises de soie imprimées, abondances de motifs : la collection unit le workwear et la théâtralité. Elle est dédiée aux ancêtres de la créatrice, de la compagnie de fabrication de wagons Bode Wagon Company basée à Cincinnati (Ohio) qui ont créé des wagons pour les animaux de cirque. Les couleurs, bleu, vert, doré, orange semblent venir des coffres des artistes ambulants. Des hauts en crochets, rétro et féminin sont portés avec des couvre-chefs hybrides entre casque, écharpe et fichu.

Défilé masculin Bode printemps-été 2020 à la Paris Fashion Week, le 18 juin 2019 (WWD/REX/SIPA / SHUTTERSTOCK)

Palomo Spain, retour à Pompéi

Alejandro Gomez Palomo pour la marque Palomo Spain a ramené la mode 2.000 ans en arrière avec une procession de beaux garçons comme sortis des fresques et des mosaïques de la ville de Pompéi. "Enterré sous les cendres volcaniques du mont Vésuve, se trouve une lointaine civilisation de garçons de Palomo qui, depuis des siècles, sont sujets à une profonde léthargie", a déclaré le créateur espagnol à l'occasion de son show. Ils sont revenus pour secouer la mode de son long sommeil conformiste, pour "devenir l'homme de l'avenir", a-t-il précisé. Pour l'Andalou, les jolies robes ne sont pas réservées aux filles. "Je ne les appellerai jamais robes de femmes, je ne dirai pas qu'elles sont pour les femmes. Tout est pour les hommes", a-t-il déclaré à l'AFP. L'armure d'un général romain est réinventée dans une dentelle andalouse et des cuirasses transformées en corsets en vinyle. En dépit de la ligne féminine, les vêtements sont conçus pour les hommes, insiste le styliste qui rêve de "libérer" les hommes des carcans de l'ensemble veste-pantalon.

Défilé masculin Palomo Spain printemps-été 2020 à la Paris Fashion Week, le 18 juin 2019 (DOMINIQUE MAITRE/WWD/REX/SIPA / SHUTTERSTOCK)

Fumito Ganryu : jupe-culotte et sandales "ugly" 

Fumito Ganryu, diplômé du Bunka Fashion College en 2000, est passé par Comme des Garçons de 2004 à 2017. Il a lancé son label en 2018. Le Japonais fait entrer dans son univers onirique des looks masculins colorés avec des blouses oversize sans manches et jupes-culottes accompagnées de sandales sportives style "ugly shoes" (laid, ndlr) portées avec ou sans chaussettes. Des ponchos à rayures, longs ou courts sont portés par les hommes aussi bien que par les femmes. De larges écharpes blanches sont nouées de façon romantique sur des T-shirts et les ponchos, associées avec un chapeau cloche. A côté des costumes gris et noirs à tombé lâche ou de longs duffle-coats à capuche rappelant les habits de moines, les couleurs explosent dans des tenues sportives unissant le jaune, mauve, bleu et violet.

Défilé masculin Fumito Ganryu printemps-été 2020 à la Paris Fashion Week, le 18 juin 2019 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.