A la Milan Fashion Week, les trottoirs sont les nouveaux podiums pour photographier les influenceurs
Succédant à la Fashion Week de New York et de Londres et précédant celle de Paris, à la semaine de la mode de Milan automne-hiver 2022-23 les trottoirs sont les nouveaux podiums pour photographier les influenceurs
Une rumeur monte de la foule, les têtes se tournent dans la même direction et soudain des dizaines de téléphones s'élèvent simultanément dans les airs pour immortaliser l'arrivée d'une influenceuse à un défilé de la semaine féminine de la mode à Milan. Depuis le 23 février, cette scène se répète dans la capitale lombarde où les 58 défilés en présentiel se succèdent attirant fans de mode et photographes dans l'espoir de prendre la photo parfaite de leur influenceuse préférée.
Les défilés de mode féminine pour l'automne-hiver 2022-23 s'achèvent le 28 février à Milan cédant la place à la Paris Fashion Week, dont les étudiants en master à l'Institut Français de la Mode vont lancer avec leur défilé mêlant monde réel et virtuel, la semaine du prêt-à-porter féminin automne-hiver 2022-23, qui s'y déroule jusqu'au 8 mars 2022.
"Tenter d'apercevoir quelqu'un digne d'être posté sur les réseaux sociaux"
Que ce soit devant chez Prada, Gucci, Moschino ou Max Mara, le trottoir est devenu le nouveau podium pour les aspirants stylistes, les stars d'Instagram qu'ils vénèrent et les photographes du monde entier, pour la plupart amateurs ou indépendants, qui les immortalisent.
Chez Versace, des centaines de fans se pressaient contre les barrières de sécurité pour tenter d'apercevoir quelqu'un digne d'être posté sur les réseaux sociaux. "Nous venons de voir une limousine noire arriver mais nous n'avons rien vu", se lamente Riccardo Capobianco, 24 ans, venu avec son amie Irina. "Nous n'avons aucune idée de ce qui se passe". Même problème pour Sarah Pilot, 22 ans, une étudiante américaine entourée de ses amies : "On se moque de nous-mêmes en train de regarder", reconnaît-elle. Un nouveau groupe d'invités vient d'arriver et s'apprête à faire son entrée au défilé : "Est-ce que ce sont juste des gens normaux avec des invitations?" demande l'une des filles.
"Ce sont des anonymes devenus des célébrités"
Mais qui sont ces gens dont on s'arrache les photos ? "Ce sont des fashionistas d'Instagram", explique Ash Mahmood, 26 ans, devant chez Max Mara. "Ce sont des anonymes devenus des célébrités. C'est comme ça que ça marche".
Les photographes amateurs espèrent que les personnages qu'ils photographient relaieront leurs photos, ce qui leur permettra de gagner en visibilité. Ici, le sujet important n'est pas la mode ou la beauté mais la capacité à être reconnu, reconnaissent-ils eux-mêmes. "Une photo d'un inconnu ne vaut rien. On peut être super beau mais cela ne compte pas", commente Marco Tadini, photographe professionnel de 60 ans.
A l'extérieur du défilé Dolce & Gabbana, l'influenceur et mannequin Rahi Chadda, qui a plus d'un million d'abonnés sur Instagram, arbore une veste et un col roulé verts au-dessus de jeans peints en noir. Il admet qu'il ne sait pas vraiment qui le prend en photo "mais quand on va aux défilés durant toute la saison, on commence à les reconnaître leurs visages", confie-t-il à l'AFP.
Devant chez Fendi, deux étudiantes en mode venues des États-Unis confient que c'est leur première fois à l'entrée d'un défilé. Taylor May, une New-Yorkaise de 20 ans, raconte avoir vu "beaucoup de mode bizarre" dans sa ville et est curieuse de voir ce qui se fait à Milan. Pour le moment, elles n'ont reconnu personne parmi les arrivants. "On est perdues mais on peut voir qui se fait prendre en photo", se console son amie Kia Patterson, 21 ans, originaire du Missouri. Toutes les tenues ne les ont pas convaincues. "L'un des looks était vraiment pas super", glisse Taylor May.
Devant chez Versace, les cris des fans et les mouvements de foules au gré des arrivées des invités commencent à fatiguer Sara Pelizzoli, 22 ans et son amie Paola Cecinati, 21 ans. "Ils exagèrent, ils pourraient se calmer un peu", observe Sara.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.