Fashion Week : le travail de l'artiste Man Ray inspire Schiaparelli
Avec Elsa Schiaparelli peinture, photographie, sculpture et illustration se muent en haute couture, broderies, imprimés, visuels de pub ou bijoux.... Sa créativité et son esprit précurseur ont fusionné les mondes de l’art et de la mode à une époque où ce n’était pas encore la norme.
Story#1, un prêt-à-porter inspiré par Man Ray
La collection Story, produite en édition limitée et commercialisée depuis le début de la PFW, mélange une garde-robe à des projets avec des créatifs venant d’horizons variés. Story#1 se concentre sur Man Ray.
Vêtements et accessoires jouent ici avec les œuvres de l'artiste, ami et complice d’Elsa Schiaparelli. Certaines comme "Larmes de verre" de 1932, "A l'heure de l'observatoire. Les amoureux" de 1932-34, "Natasha (solarisée)" de 1929, "Lee Miller (électricité)" de 1931 ou encore "Objet à détruire" de 1932 inspirent cette garde-robe. Ce dialogue imaginaire confronte les compositions de l’un au talent stylistique de l’autre. Ici les surfaces planes des oeuvres sont transposées sur des silhouettes urbaines ultra-féminines.
Ainsi l'oeuvre "Le Monde - Electricité" de Man Ray rehausse manteaux et smokings d’un jacquard nuit constellés de poussière d’étoiles or. Tandis que le rouge carmin de la bouche dans le ciel et le rose shocking de la vision d’une femme solarisée réveillent les tons sourds de couleurs éclatantes.
Les symboles Schiaparelli - comme le cadenas et le cœur transpercé - parsèment un vestiaire jour et soir mâtiné d’ombres en trompe l’œil sur des robes, vestes, blouses, T-shirts et sweatshirts. En clin d’œil surréaliste, les motifs graphiques sont détournés en bijoux. Les lunettes-spirales deviennent des colliers et des broches alors que des mains gantées se transforment en bracelets émaillés. Quant au sac à main, Secret, le premier créé par la maison, il est rehaussé d’un fermoir en laiton doré prenant la forme d’un cadenas. Ce dernier est présent dans les collections Schiaparelli depuis 1931.
"Schiaparelli et les artistes", un livre pour explorer leurs dialogues
À travers des photographies exclusives issues des archives de la maison Schiaparelli, des anecdotes inédites et des textes écrits par des personnalités de la mode et des arts - comme Paloma Picasso pour Pablo Picasso, Christian Lacroix pour Raoul Dufy ou André Leon Talley pour Andy Warhol - cet ouvrage plonge au coeur des rapports fascinants de la couturière avec ses amis artistes. Le rose shocking, tonalité chère à la créatrice, est présent tout au long du livre édité chez Rizzoli New York et qui parait le 4 octobre 2018.Elsa Schiaparelli, l'histoire d'une excentrique
Considérée comme la rivale de Coco Chanel, Elsa Schiaparelli était connue pour ses chapeaux excentriques, ses robes homard ou squelette. Entourée d'artistes, influencée par les surréalistes, la créatrice italienne a fait partie du renouveau de la couture au début des années 1930 en apportant à ses tenues une touche de désinvolture et de fantaisie.En 1927, la couturière crée le premier pullover tricoté main à motif trompe l’œil. En noir et blanc, noir et couleurs vives, à motifs de nœud, de formes géométriques, de squelette, de cœurs transpercés, de tatouage de marin ou de tortue abstraite, il est adopté par actrices et célébrités de l’époque. En 1936, c’est la première collaboration avec Dali pour des manteaux et tailleurs à poches-tiroirs, suivront une collaboration avec Meret Oppenheim pour un bracelet en métal et fourrure et des créations de bijoux avec Jean Schlumberger et Jean Clément. En 1937, lancement du parfum Shocking. Son flacon, dessiné par l’artiste Léonor Fini, représente un mannequin de couturière épousant les courbes de Mae West orné de fleurs de porcelaine et d’un mètre-ruban en trompe l’oeil. Vient ensuite une collaboration avec Jean Cocteau, dont les dessins sont déclinés en manteaux, ensembles du soir et bijoux.
En 1941, Elsa Schiaparelli confie sa maison de couture à son bras droit : son statut d’italienne à Paris devenant risqué, elle part vivre à New York jusqu’en 1945. De retour dans sa maison, elle participe à l’exposition du Théâtre de la Mode visant à relancer la haute couture. En 1954, elle ferme sa maison et se consacre à son autobiographie Shocking life.
En 2012, réouverture de la maison. Christian Lacroix signe une collection unique en juillet 2013. Puis Marco Zanini est nommé directeur de la création jusqu’à fin 2014. Depuis Bertrand Guyon, le nouveau Directeur du Style, apporte son énergie créative à l’équipe installée dans l’hôtel particulier historique du 21, place Vendôme, là même où Elsa Schiaparelli travaillait. En 2017, la maison retrouve l'appellation officielle haute couture.
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