Fashion Week de Milan : des femmes fortes qui assument le pouvoir chez Prada et Fendi
Chez Fendi, les directeurs artistiques Silvia Venturini Fendi et Karl Lagerfeld ont proposé "un uniforme romantique pour une femme forte". Il s'agit d'habiller une femme "qui a de plus en plus de poids dans la société, qui peut se jouer des codes masculins et assumer le pouvoir", a expliqué Mme Venturini Fendi. Dans une salle aux allures de boudoir rose poudré croisé avec un gentlemen's club, les silhouettes ont une carrure importante : surmontées de vestes, de capes courtes ou longues, déclinées en fourrure, en duvet Prince de Galles ou en lainage, les épaules sont carrées "comme pour donner des supers pouvoirs à cette Femme Fendi", a expliqué la styliste. Le motif du mouchoir brodé est un élément récurrent de la collection. "Cet objet que les femmes d'autrefois brodaient à la main de leurs initiales et donnaient à l'homme qui partait en guerre devient un élément d'habillement certes romantique mais aussi de prise de pouvoir : cette femme-là ne reste pas à la maison à broder, elle est dans la vie, dans la rue, la tête haute", a assuré Mme Venturini Fendi. On retrouve le mouchoir brodé autour du cou mais aussi démultiplié et en patchwork qui compose une robe légère et fluide, ultra-romantique.
Ce discours féministe ne sonne cependant pas opportuniste dans une maison historiquement matriarcale, fondée par les cinq soeurs Fendi. "Chez moi, il n'y a jamais eu de différence entre les hommes et les femmes, c'est donc très naturel pour moi d'apporter mon soutien à ces luttes qui réémergent", a rappelé la styliste. Le logo Fendi ne manque pas à l'appel, sur les sacs, les vestes et associés à un nouveau motif, le losange art déco. On le retrouve aussi dans sa version pop, croisé avec celui d'une autre marque, Fila, une proposition de l'artiste Hey Riley que la griffe a décidé de se réapproprier avec humour. A la fin du défilé, Karl Lagerfeld et Silvia Venturini Fendi ont pu saluer dans les coulisses le nouveau patron de la maison romaine, Serge Brunschwig, transfuge de Dior Homme nommé deux jours plus tôt.
Assumer le pouvoir
Chez Prada, le défilé était aussi l'occasion de présenter le bâtiment de la fondation éponyme de la maison conçu par le studio OMA de l'architecte star néerlandais Rem Koolhaas. Il fallait cependant gravir à pied les étages de cette tour blanche asymétrique pour découvrir une salle transversale bordée de baies vitrées surplombant les lumières de la capitale lombarde. Miuccia Prada a proposé une collection où le Nylon est roi, un retour du tissu qui a rendu la marque célèbre à travers le monde, déjà amorcé lors des collections hommes de janvier. Du synthétique qui s'adapte aux robes, aux manteaux larges ou aux vestes sans manches. Des tissus et des détails techniques aussi, empruntés à l'univers du streetwear, du voyage, comme ces étiquettes de bagages en guise de broches. Quasiment pas de pantalons mais des robes à profusion, tailleur sport, en tweed ou peau retournée, bustier.Le tulle, brodé de strass ou agrémenté de décorations florales, se superpose pour apporter légèreté et une touche de romantisme. Miuccia Prada, militante féministe de la première heure, a conçu une collection pour une femme presque combattive. "Je veux un monde où les femmes ne frôlent plus les murs lorsqu'elles sont dans la rue et où elles ont la force d'être libres, féminines, sexy", a-t-elle déclarée. L'évolution de la palette, du noir en début de défilé à la couleur, fluo de surcroit pour le final, est étudiée : il s'agit de "couleurs fortes, criardes, pour être agressive dans la nuit. J'aimerais que les femmes puissent sortir habillées comme ça sans que personne ne les importune", a-t-elle insisté.
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