Fashion Week de Londres : l'au-revoir vintage et LGBTQ de Bailey pour Burberry
Trench, casquettes de base-ball et drapeaux arc-en-ciel : pour son dernier défilé chez Burberry, Christopher Bailey a convoqué les grands classiques de la marque britannique et rendu un vibrant hommage à la communauté LGBTQ. Ce week-end, sur les podiums londoniens, défilaient aussi les collections automne-hiver 2018-19 de J.W. Anderson, de Roland Mouret et Delpozzo.
Article rédigé par franceinfo
- franceinfo Culture (avec AFP)
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Le Britannique de 46 ans quittera Burberry fin 2018 après y avoir passé 17 ans, contribuant à transformer la maison fondée en 1856 en géant mondial du luxe. Pour son défilé d'adieu, le styliste a proposé un show XXL avec 1.300 invités. Dans les rangs, on croise Kate Moss, Naomi Watts ou Liam Gallagher. Les premiers arcs-en-ciel, emblèmes des communautés lesbiennes, gays, bi-sexuelles, transgenres et queer, apparaissent : en bande imprimée sur une jupe blanche ultralongue en coton façon papier ou sur cette longue cape en fausse fourrure portée par la top modèle Cara Delevingne. Bailey a même réinventé le "check", iconique motif de tartan beige, noir et rouge, en lui donnant les couleurs de l'arc-en-ciel. Le créateur était devenu en 2014 le premier patron ouvertement homosexuel de l'indice FTSE-100 après sa nomination à la direction générale de Burberry. Comme s'il voulait célébrer l'histoire de la marque avant de tirer sa révérence, Bailey a proposé une garde-robe piochant dans les vêtements qui ont fait la légende de Burberry. A commencer par le trench beige, qu'il rehausse d'une touche de streetwear en l'accompagnant d'un survêtement éponge orange. Mais aussi la casquette de base-ball vintage portée avec un luxueux manteau en jacquard de velours. "Je voulais (que la collection) soit un reflet du passé de Burberry, de notre présent, mais aussi de mon grand enthousiasme quant à ce que le futur réserve pour Burberry", a-t-il déclaré après le défilé, et une standing ovation. "La personne qui aura le privilège de prendre ma place est incroyablement chanceuse et je sais qu'ils feront des choses fantastiques", a-t-il ajouté, ému, sans dévoiler ce qu'il fera lui-même.
Elégance nostalgique chez Jonathan Anderson
Jonathan Anderson, considéré comme l'un des plus doués de sa génération, a présenté un défilé mixte pour les dix ans de sa griffe, J.W. Anderson. Ce sont donc des mannequins de deux sexes qui défilent pour une collection que le créateur - également directeur artistique du maroquinier de luxe Loewe - a voulu "optimiste". En témoignent des jupes et robes amples et confortables portées avec des sneakers à larges lacets blancs. Ses femmes cultivent une élégance nostalgique : le styliste puise dans l'utopie des sixties avec des hauts à motif Paisley portés sur des jupes asymétriques. La palette explore le blanc, le bleu, le beige et s'aventure parfois dans le "millennial pink", ce rose teinté de pêche très en vogue. Côté hommes, le vestiaire oscille entre streetwear chic et look baroudeur : pulls à imprimés BD, blousons d'aviateur, cabans, imperméables à cols marin. Et quelques fantaisies remarquées : des porte-clefs "donut" et des pompons à oreilles de lapin.
Eloge des femmes libres et sensuelles chez Roland Mouret
Le Français Roland Mouret a placé sa collection sous le signe du mouvement #metoo avec un défilé-plaidoyer pour des femmes libres, indépendantes et volontaires, fières de leur féminité et de leur sensualité. C'est dans le hall tout en béton du National Theatre que le créateur, basé à Londres, a donné rendez-vous aux acheteurs, journalistes, blogueurs, fashionistas et VIP. Les mannequins défilent entre les rangs des invités suivant un parcours labyrinthique, sur fond de musique rétro. Robes sculpturales en velours côtelé portées avec des hauts transparents, cravates souples nouées autour du cou : le créateur joue sur les contrastes pour exprimer l'idée d'une féminité assumée et libératrice. En rouge et noir, en rose pâle ou en bleu nuit, les femmes de Roland Mouret dévoilent jarretières et décolletées. Sages en apparence, leurs tailleurs dissimulent des chemises légères à col froncé laissant entrapercevoir leur peau nue. Le styliste explore et juxtapose les matières : le jacquard, baroque, noble et mystérieux, côtoie lurex étincelants, viscose et dentelle tricotée. "J'ai été sur des choses très fluides, mélangées à des tissus très lourds avec une référence aux années 70, qui sont quand même le grand moment de la libération des femmes", explique-t-il. Cette garde-robe, a-t-il ajouté, entend "donner l'impression que quand une femme marche dans la rue, elle peut toujours être en contrôle de sa féminité mais qu'elle n'accepte pas les abus". Ces abus "existent partout (...) Je l'ai vu dans la mode. On l'a tous vu", a-t-il souligné.
Delpozo puise dans le répertoire d'inspiration cubiste de la peintre française Inès Longevial
La maison espagnole Delpozo, transfuge de la Fashion Week de New York, a proposé un défilé évanescent, lent et romanesque dans la cadre feutré de la Maison royale des architectes. Un choix aux airs de clin d'oeil, le designer de la marque Josep Font étant lui-même architecte de formation. Le Catalan a puisé dans le répertoire d'inspiration cubiste de la peintre française Inès Longevial. Fluides, naturelles, sans excès ni circonvolutions, les coupes dessinent des silhouettes élégantes et aériennes. Les shorts sont larges, les jupes sont longues, les manteaux descendent jusqu'à mi-cuisse. Les chemises sont constellées des pois, les bottines de paillettes et les robes de motifs floraux. La fleur d'ailleurs devient le subtil agrément de ceintures en cuir nouées dans le dos. Josep Font fait du rose sa couleur reine mais joue aussi avec le camel, l'ivoire, le jaune canari et le bleu craie.
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