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Espadrilles, dentelle ou bérets "made in régions" auront bientôt leur label
Béret basque, porcelaine de Limoges, textile des Vosges ou vases d'Anduze : les produits manufacturés "made in régions", issus des traditions et savoirs-faire locaux, bénéficient désormais d'un label destiné à les valoriser et à les protéger face aux contrefaçons.
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Comme le poulet de Bresse et la chataîgne corse
Promise depuis la loi Hamon, adoptée voilà plus d'un an, l'"indication géographique" (IG) est devenue une réalité avec la publication mercredi du décret officialisant sa création. Au total, près de 240 produits pourraient être concernés. Jusqu'à présent, seuls les produits alimentaires, comme la châtaigne corse ou la volaille de Bresse, pouvaient bénéficier de la protection des indications géographiques, grâce aux AOC (appellation d'origine contrôlée) et aux AOP (appellation d'origine protégée).Les produits manufacturés en étaient jusqu'ici privés. Ils "ne bénéficiaient à ce jour que de protections limitées", a souligné la secrétaire d'Etat chargée du Commerce et de l'Artisanat, Carole Delga, lors d'une présentation à la presse du dispositif. L'indication géographique va permettre de "valoriser les richesses de notre territoire et leur donner toute la place qu'elles méritent", a souligné Mme Delga. L'IG "sera protégée des contrefaçons et renforcera le potentiel à l'export de nos productions", a-t-elle ajouté.
Contre l'utilisation abusive des dénominations géographiques
Dentelle de Calais, parapluies d'Aurillac, grenat de Perpignan, sièges de Liffol Le Grand, espadrilles de Mauléon : des dizaines d'entreprises possédant dans certains cas un savoir-faire en perdition pourront prétendre à cette appellation. C'est l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) qui sera chargé d'octroyer le nouveau label, qui permettra aux professionnels, artisans, sociétés et commerçants de valoriser leurs produits et de se protéger contre l'utilisation abusive des dénominations géographiques.L'organisme regardera la qualité des produits, et donc le savoir-faire traditionnel, associé à la zone géographique. Les produits bénéficiant de cette appellation seront valorisés à travers un logo et par le référencement sur la base de données des IG.
"Produit authentique issu d'un vrai savoir-faire"
Le cas Laguiole "On attendait impatiemment la promulgation du décret", se réjouit Olivier Noyon, président de Noyon Dentelles à Calais (Pas-de-Calais). "Pour le grand public, si rien n'est nommé tout se ressemble, et une dentelle en vaut bien une autre. Et bien justement non", Pour Matthieu Piganiol, directeur-général de la société Piganiol, fabricant de parapluies à Aurillac (Cantal) depuis 1884, l'indication géographique va "rassurer le consommateur qui saura avec certitude qu'il a affaire à un produit authentique issu d'un vrai savoir-faire"."Ce label va également nous permettre de mieux nous défendre contre les contrefaçons (...) A titre d'exemple, sur les 200 modèles que nous créons chaque année, 20% sont copiés par les Chinois", ajoute celui qui représente la 5ème génération de la famille Piganiol à la tête de l'entreprise.
L'exemple de la commune de Laguiole, dans l'Aveyron, et de ses fameuses entreprises de coutelleries, a mis en lumière ces dernières années les difficultés économiques et juridiques de nombre de producteurs, confrontés à la multiplication des contrefaçons. Le village aveyronnais a saisi en avril 2014 le président de la République après une nouvelle décision de justice l'empêchant de retrouver le contrôle de son nom, devenu propriété d'un entrepreneur qui le commercialise pour vendre des couteaux importés d'Asie.
"L'intérêt de l'IGP est surtout de rassurer le client"
Pour Joël Marion, de la Communauté de communes de Soule Xiberoa (Pyrénées atlantiques), berceau de l'espadrille, "l'intérêt de l'IGP est surtout de rassurer le client". "L'IGP ne va pas nous protèger des contrefaçons. En revanche, il peut justifier un prix de vente supérieur", estime-t-il. "Les regroupements sous un label ont souvent un effet positif, ça donne une meilleur visibilité", confirme Olivier Bomsel, économiste spécialiste de la propriété intellectuelle.La profusion d'appellations observée depuis plusieurs années pourrait toutefois limiter l'effet escompté. "Tout va dépendre de l'usage qu'en feront les producteurs. En soi, un label n'apporte pas de valeur. C'est la façon dont on l'utilise dans sa communication qui permet de se différencier".
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