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Eliana Paco veut faire connaître la mode "cholita" au-delà de la Bolivie

En Bolivie, les colons espagnols forçaient autrefois leurs servantes indigènes à porter des jupes bouffantes : c'est cette mode "cholita" qu'Eliana Paco, qui a défilé à la Fashion Week de New York, rêve désormais d'exporter à Madrid et Paris. Dans son atelier de La Paz, la créatrice revêt cet habit traditionnel auquel elle apporte une touche de "sophistication pour traverser les frontières".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Eliana Paco dans son atelier à La Paz, mai 2016
 (MARTIN ALIPAZ)

Autrefois symboles de discrimination, ces jupes colorées, que l'on accompagne d'un châle en laine d'alpaga et d'un petit chapeau melon en équilibre sur la tête, sont aujourd'hui portées fièrement par les femmes indigènes boliviennes. C'est une marque d'"identité et de fierté", assure la créatrice, qui a défilé à la Fashion Week de New York pour faire connaître ces tenues typiques du pays sud-américain. Dans son atelier de La Paz, Eliana Paco, indigène Aymara de 34 ans aux longs cheveux noirs rassemblés en deux tresses, revêt elle-même l'habit traditionnel, auquel elle a apporté une touche de "sophistication pour traverser les frontières".

En Bolivie, pays gouverné depuis 2006 par Evo Morales, premier président indigène de son histoire, il est de plus en plus fréquent de voir des ministres, des juges ou des présentatrices de télévision vêtues à la mode "cholita" (diminutif de "chola", nom parfois péjoratif pour désigner une femme indigène). 
Eliana Paco, défilé à La Paz, juillet 2016 
 (Juan Karita/AP/SIPA)
Eliana Paco n'en revient pas d'avoir pu présenter sa collection "Pachamama" (Terre mère, en langue quechua) en septembre 2016 à la Fashion Week de New York. Sa collection avait été auparavant dévoilée au palais du gouvernement à La Paz, reflet du soutien des autorités boliviennes à son projet. 
Eliana Paco, défilé à Bogota, octobre 2016
 (Leonardo Muñoz/(EPA) EFE/Newscom/MaxPPP)
"C'est la première fois qu'un costume de femme chola parvient jusqu'aux défilés de mode (de la Fashion Week) avec 12 mannequins internationaux portant nos tenues", se réjouit-elle. L'uniforme de la cholita, que les Boliviennes enfilent aussi bien au quotidien que lors des grandes célébrations, comporte trois ou quatre couches -chacune requiert jusqu'à six mètres de tissu- pour former une jupe tombant sous les genoux et pouvant peser jusqu'à 10 kilos.
La créatrice Eliana Paco dans son atelier de la Paz, octobre 2016 
 (AIZAR RALDES / AFP)
Eliana Paco souligne le formidable travail derrière chacune de ses créations : tricotées à la main, elles peuvent nécessiter jusqu'à deux semaines de labeur par une équipe de trois personnes. "Pour moi cela signifie la culture, l'identité, la fierté, le travail, car la femme chola travaille beaucoup, elle travaille dur", commente-t-elle. Et derrière cette mode, "il y a aussi l'affirmation de la femme comme indépendante et professionnelle".
La créatrice de cholitas Eliana Paco, à La Paz, octobre 2016
 (AIZAR RALDES / AFP)
L'ensemble coûte entre 200 à 4.300 dollars et lors des grands événements sociaux ou religieux, les femmes les plus coquettes l'ornent de bijoux en or ou en argent -métaux dont la Bolivie est un des grands producteurs mondiaux- et de pierres précieuses.
La créatrice de cholitas Eliana Paco, dans son atelier de la Paz, octobre 2016
 (AIZAR RALDES / AFP)

Agatha Ruiz de la Prada séduite par les tenues de cholita

La créatrice espagnole Agatha Ruiz de la Prada, connue pour ses pièces farfelues et colorées, ne pouvait qu'être séduite : "j'adore les tenues de cholita, cela me rappelle beaucoup Yves Saint Laurent et (Giorgio) Armani à sa grande époque, quand il utilisait des chapeaux Borsalino", confie-t-elle à Lima, où elle est venue présenter sa collection. "Jusqu'à présent il n'y avait pas de (créatrice de mode) cholita avec un sens du marketing et elle, elle l'a", dit-elle à propos de Eliana Paco : "J'adorerais pouvoir emmener (ses créations) à Madrid, à Paris". 

C'est justement le prochain objectif de la Bolivienne : "Je crois qu'il est possible que les femmes européennes utilisent le châle ou le chapeau (des cholitas) dans leur vie quotidienne", assure Eliana. Elle imagine ainsi ces châles bariolés se combiner avec une robe de style occidental ou une simple paire de jeans.

Pour Adriana Barriga, de l'Agence municipale de La Paz pour le développement touristique, les tenues cholitas "font partie de la culture" et sont "un attrait touristique très apprécié" pour les visiteurs venant découvrir la Bolivie.

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