Des bijoux-oeuvres d'art en céramique aux Arts Déco. Derniers jours
Ces oeuvres récentes interrogent les codes ancestraux du bijou pour les projeter dans des perspectives nouvelles. Les 18 jeunes créateurs exposés font souffler un vent de transgression sur ce domaine encore attaché aux traditions. D’origine française, suisse, allemande, finlandaise, hollandaise, suédoise ou taiwanaise, ils proposent en 140 pièces leur vision iconoclaste du corps et de la parure.
A la différence du bijou classique - conçu selon des techniques d’orfèvre et avec des matériaux précieux - ce « nouveau bijou », qui a émergé dans les années 1970, caractérisé par son hybridité, est conçu comme un lieu d’expérimentation, aux frontières de l’art et du design. Ce ne sont plus seulement les questions liées au coût des matériaux et au statut social qui sont posées par ces artistes bijoutiers mais plutôt le positionnement culturel du bijou en tant qu’oeuvre d’art, en relation au corps. Le bijou est redéfini -par eux- comme une pratique intégrée aux arts plastiques.
Hier, le bijou indicateur social
Le bijou a toujours joué un rôle d’indicateur social, traduisant une appartenance à un groupe et intégrant l’homme dans la société mais pouvant marquer une volonté de différenciation, de contestation de l’ordre établi. Parure intime donc « singulière », le bijou parle de notre corps, des liens qu’il tisse avec autrui et avec l’environnement. Les bijoux n’ont pas toujours été fabriqués en or, en argent ou en pierres précieuses. Ils peuvent être conçus avec divers matériaux et grâce à tous les assemblages possibles, en fonction des techniques, des symboles et de la culture en vigueur à une époque donnée. Depuis la réalisation de bagues en faïence dans l’Égypte ancienne ou d’ersatz en terre cuite dorée imitant l’or dans la Grèce et la Rome antique, la céramique a été oubliée pendant des siècles.
C’est en 1773, en Angleterre, que son emploi ressurgit lorsque Joshiah Wedgwood inventa une pâte de grès fin constituée de strates colorées qui imitait le jaspe, pour des bijoux aux motifs néoclassiques ou des sujets romantiques en camées. C’est au créateur hollandais Peter Hoogeboom que l’on doit d’avoir réconcilié de façon novatrice le grès ou la porcelaine avec le bijou, à partir de 1994. Ensuite vient l’initiative de l’European Keramiek Work Centre aux Pays-Bas, qui a proposé à des orfèvres contemporains des résidences de trois mois, leur permettant de travailler toutes les possibilités de mise en forme de la céramique dans le domaine du bijou.
La céramique: un matériau à découvrir
Parmi les matériaux céramiques, c’est la porcelaine qui a le plus souvent la faveur des artistes. Qu’elle soit utilisée par modelage ou moulage, seule ou en association avec le métal, le bois ou la pierre, elle peut changer d’apparence, de couleur et de surface. Lisse et pure, à la fois fragile et de grande résistance, elle épouse toutes les formes à condition d’en maîtriser les techniques et les contraintes (sa rétraction lors de la cuisson).
Encore liée dans notre imaginaire aux arts de la table ou à la froideur technologique du matériel scientifique, la porcelaine peut aussi devenir un objet de désir, un déclencheur de sensations visuelles et physiques, lorsqu’elle est transformée en bijou.
Musée des arts décoratifs. 107, rue de Rivoli. 75001 Paris. Téléphone : 01.44.55.57.50. Du mardi au dimanche de 11h à 18h.
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