Décès de Bill Cunningham, le photographe inventeur du street style
C'est le coeur serré que je vais partir ce dimanche matin suivre les défilés de la dernière journée de la Paris Fashion Week. En 2014, alors que je préparais un sujet sur le streetstyle pour Culturebox, je me souviens l'avoir "traqué". Ce jour-là, je cherchais au milieu de la foule la silhouette un peu voûtée de ce vieux monsieur toujours habillé d'une veste en tissu bleue.
Et c'est à la sorte d'un défilé d'Issey Miyake, dans les jardins des Tuileries, que je l'ai trouvé en plein travail son appareil photo -jusqu'à peu argentique- autour du cou. Celui qui avait une passion : photographier l'allure, n'aimait pas, cependant, qu'on le reconnaissance car l'oeil au aguet, il aimait capturer l'instant présent en toute discrétion !
Cet homme discret, né dans le Massachusetts des années 1920, savait voir avant tous "ce qui devait être la tendance dans six mois", estimait Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue USA, dans un film documentaire sur le photographe, "Bill Cunningham New York" (2010). Homme à la connaissance encyclopédique, il avait l'art de dénicher les tendances maîtresses, voire avant-gardistes, dans la rue, sur les podiums ou les soirées mondaines. "Il faut laisser la rue vous dire quelle est l'histoire", confiait à l'AFP en 2014 celui qui affirmait "ne pas être un bon photographe". "Il ne faut pas avoir d'idée préconçue, il faut sortir et laisser la rue vous parler", disait-il encore.
Arthur Sulzberger Jr, directeur du New York Times : "Nous avons perdu une légende"
"Bill Cunningham était charmant et fascinant, aussi bien comme personne et comme collègue que comme artiste. Un esprit indépendant, un grand coeur, pas de grands airs", a twitté Frank Rich, ancien éditorialiste au New York Times et producteur exécutif de la série "Veep" de HBO.Le maire de New York, Bill de Blasio, a lui aussi salué la mémoire du photographe. "Nous nous rappellerons la veste bleue de Bill et son vélo. Mais nous nous souviendrons surtout du New York vivant et animé qu'il capturait dans ses photos", a-t-il écrit sur Twitter.
"Sa compagnie était recherchée par les riches et puissants du monde de la mode, pourtant il est resté l'un des hommes les plus gentils, les plus doux et les plus humbles que j'aie jamais connu", a déclaré le directeur de la publication du New York Times, Arthur Sulzberger Jr, ajoutant: "Nous avons perdu une légende".
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