« Dans les pas de Roger Vivier », au Palais de Tokyo
C’est un voyage dans un paysage de vitrines avec le charme désuet de l’objet conservé. Aux oeuvres d’art, les chaussures empruntent les titres comme un pied de nez à l’art et à la mode.
Roger Vivier, un inventeur
140 modèles de souliers retracent la carrière de Roger Vivier, plus inventeur que chausseur, qui débuta dans les années 30.
Le créateur voit la chaussure comme une sculpture dont il ne cesse de questionner la forme : «Depuis toujours la ligne me passionne, confiait le bottier, 500 fois je refais mon dessin pour vérifier la justesse de l’idée et respecter l’architecture du pied.» Les talons sont ses lignes de force, du talon aiguille, qu’il fut le premier à lancer en 1954, au talon «Etrave» (1958), et du talon «Choc» (1959) au sinueux talon «Virgule», voulu comme le manifeste de sa propre griffe dès 1963. Les formes de la chaussure le séduiront tout autant et l’empeigne se redresse alors, en 1958, en bout «Turc» ou «Guitare»...
Roger Vivier ne néglige pas moins la broderie qui élève le soulier au rang d’objet d’art grâce aux savoir-faire séculaires des maisons comme Rébé ou Lesage.
Sa renommée est telle qu’il sera en outre le seul collaborateur de Christian Dior, dans les années 50, à pouvoir apposer sa griffe à côté de celle du couturier. Au même moment, la plupart des défilés de Paris, de Schiaparelli à Yves Saint Laurent, résonnent déjà des pas de créations fortes qui, dès 1963, le décideront à ouvrir sa marque.
Toutes les femmes aux pieds du créateur
Lui qui signa les souliers du couronnement d’Elizabeth II en 1953, chausse les plus grandes figures de leur temps. Parmi ses clientes, la Duchesse de Windsor ou la princesse Soraya d’Iran, Marlène Dietrich, Elizabeth Taylor, Jeanne Moreau et Brigitte Bardot... Toutes s’arrachent ses créations. Ludiques et surprenantes, elles vont des talons aigus, aux souliers de Catherine Deneuve dans «Belle de jour» de Buñuel en 1967, à l’empeigne signée de la boucle d’argent.
Designer toujours aux pieds des femmes les plus élégantes, telles Carla Bruni-Sarkozy, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Nicole Kidman, Julia Roberts, Bruno Frisoni esquisse des lignes et formes nouvelles dans les accessoires de la maison, jouant avec l’honorable talon Virgule.
Le chic parisien des années 2000
La maison Roger Vivier tient, depuis 2002, à enrichir son patrimoine par l’acquisition régulière des pièces d’exception de son histoire, gardées au musée de la chaussure de Romans et parmi les 140 exposés au Palais de Tokyo. A ces souliers et accessoires issus des archives de la maison s’ajoutent des prêts.
Depuis 2002, Bruno Frisoni assure la création artistique de la maison. Avec créativité et modernité, il mue la marque en maison d’accessoires de luxe, symbole d’un chic parisien incarné avec élégance par son ambassadrice, Inès de la Fressange.
Exposition « Virgule, etc. Dans les pas de Roger Vivier » jusqu’au 18 novembre. Palais de Tokyo. 13, avenue du Président Wilson. 75 116 Paris. Jusqu’au 21 octobre : 12h à 21h. Du 23 octobre au 18 novembre : 12h à minuit.
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