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Zhikai Yang et Laurence Lallot, grands prix mode du Festival international des jeunes créateurs à Dinan

Le Grand Prix homme a été décerné au créateur chinois Zhikai Yang, la Française Laurence Lallot raflant le Grand Prix femme et le Prix Gavottes®. Le Français Alexis Jodas et le Japonais Mizukami Seijiro sont ex-aequo Prix Spécial ECO TLC. Du 7 au 9 avril 2017, Dinan a vécu au rythme de la mode avec le Festival international des jeunes créateurs qui depuis 22 ans met en avant de jeunes pousses.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les 4 lauréats du Festival international des créateurs de mode de Dinan 2017 (de gauche à droite) : Laurence Lallot, Dominique Damien Rehel (fondateur du Festival), Alexis Jodas, Zhikai Yang et Serijo Mizukami, le 8 avril 2017 à Dinan
 (Jean Louis Coulombel)

Pour Zhikai Yang, ce Grand Prix Homme est "important pour moi qui suis à Paris depuis seulement 8 mois. C'est la première fois que je participe à un concours et donc la première fois que je gagne un prix de ma vie. C'est un encouragement, j'ai désormais plus confiance en moi pour poursuivre dans cette voie, de fusionner l'orient et l'occident, l'ancien et le moderne" explique-t-il au lendemain du Festival. Il a étudié l'anglais à Pékin, avant de suivre en 2012 les cours d’Esmod Pékin avec une spécialisation homme et modélisme. Après un passage dans le studio couture du designer Xiaoping Xu, il présente des silhouettes à la Fashion week chinoise en octobre 2015, puis travaille avec la marque de foulards Sefhyir. À son arrivée à Paris, en août 2016, il étudie le français puis enchaîne un master à Esmod Paris.

Zhikai Yang, Grand prix homme au Festival international des jeunes créateurs de mode de Dinan, avril 2017
 (Jean Louis Coulombel)
Attaché à ses origines, il est passionné par les tissus anciens chinois qu’il a découverts sur son île d’Hainan. Les éléments de l’âge d’or du vêtement chinois et le respect des traditions anciennes, sont le point de départ de sa collection. Le créateur prône la slow fashion : "J'aime les vêtements de qualité qui perdurent, ceux que l'on garde longtemps, comme un ami. Je suis content de conserver un vêtement car il prend avec le temps des caractéristiques qui me sont personnelles. Pour moi, un vêtement inusable est de plus en plus exquis", insiste-t-il avant d'ajouter : "Je suis jeune mais j'aspire à faire fusionner l'histoire d'hier avec celle d'aujourd'hui. C'est un moyen de faire perdurer des histoires anciennes." Sa garde-robe masculine, un workwear mixé d'inspiration militaire et de costume fonctionnel, est parfumée avec de l’encens provenant d'un arbre à l’huile odorante, le "Chen Xiang", qui pousse dans sa ville natale de Haikou. "Au temps de la dynastie Tang, souvent appelée âge d'or de la civilisation chinoise (618-907), les hommes riches et chics en parfumaient leurs vêtements."
Laurence Lallot et ses modèles, Grand Prix Femme au Festival international des jeunes créateurs de mode Dinan, avril 2017
 (Jean Louis Coulombel)
Laurence Lallot - Grand Prix Femme et Prix Gavottes - est née en France. Après son Bac, elle part étudier à Bruxelles le stylisme/modélisme, puis revient à Paris pour un postgraduate (4e année) de stylisme. Depuis février 2017, elle suit un stage d'assistante studio chez See By Chloé. Sa collection porte sur l’emballage corporel. C’est d’une œuvre de Christo qu’émerge cette inspiration : envelopper un corps pour le protéger et transformer l’image de son contenu grâce à un jeu entre volumes et matières accentué par des étoffes plissées. L’emballage - très présent dans la culture japonaise avec le Furoshiki - est intégré dans cette collection avec l'utilisation d’un patron unique pour réaliser un vêtement en une seule pièce. Cette collection s'inspire également du vestiaire masculin avec beaucoup de lainages de costume ainsi qu'une palette de couleurs masculine du vert sapin au bleu marine.

Alexis Jodas (France) et Mizukami Seijiro (Japonais) sont ex-aequo du Prix Spécial ECO TLC
Alexis Jodas, prix Upcycling Eco TLC au Festival de Dinan, avril 2017
 (Jean Louis Coulombel)
Alexis Jodas, diplômé d'Esmod Lyon, a travaillé chez Alexandre Vauthier. Il est actuellement à l’Atelier Métiers d’Art Lemarié. Sa collection féminine "Habemus Madame" pour sa marque Madone of Steel mêle le travail artisanal du tailleur à la broderie à la main de perles, paillettes, cristaux Swarkovski et pétales de tissus. Un vestiaire d'inspiration liturgique. Son modèle Upcycling a été créé avec un jean de récupération découpé et la boîte de couture de sa mère. 
Sejiro Mizukami, prix Upcycling Eco TLC au Festival international des créateurs de mode Dinan, avril 2017
 (Jean Louis Coulombel)
Seijiro Mizukami diplômé du Bunka Fashion College à Tokyo, a travaillé pour Undercover à Tokyo. Il a gagné le Kobe Fashion Contest au Japon. Sa collection "Viril" créée pour un homme aventurier, sportif, ambitieux, un homme de cœur. Le thème Reveal - est l’expression de leur personnalité intérieure enfouie au fond d’eux-mêmes - représenté par la déchirure et la superposition des tissus. Son modèle Upcycling est conçu dans un trench militaire découpé, peint et retravaillé.

10 talents en herbe âgés de 21 à 28 ans

Les 10 créateurs en lice au Festival de Dinan, au théâtre des Jacobins, le 8 avril 2017
 (Jean Louis Coulombel)
Pour la plupart fraîchement sortis de leurs écoles de mode, ces 10 talents en herbe âgés de 21 à 28 ans ont été sélectionnés parmi 177 candidatures. C'est la toute première fois qu'ils montraient leur travail tant à la presse qu'au public dans le cadre d'un Festival de mode.
Défilé des créateurs en lice au Festival international des jeunes créateurs de mode, place Saint sauveur à Dinan, 8 avril 2017
 (Corinne Jeammet)

Marithé + François Girbaud, président du Festival

Le Festival était présidé par Marithé + François Girbaud. Marithé Bachellerie est allée à la rencontre de ces 10 créateurs pour découvrir leur travail mais aussi leur donner des conseils. Mais en regardant les silhouettes présentées sur leur stand, une de ses premières questions a été "Porteriez-vous vos propres vêtements ?". "C’est important que le créateur ait envie de les porter" insiste-t-elle. "J’ai rencontré les 10 créateurs et j’ai déjà un avis mais maintenant, j’ai vraiment besoin de voir les vêtements portés pour me faire une idée définitive".

"Faire du vêtement durable" est une priorité insiste la styliste qui ajoute : "Notre rôle est de transmettre des savoir-faire, de montrer et d’expliquer. La transmission revêt une grande importance".
Marithé Girbaud au Festival international des jeunes créateurs de mode de Dinan, le 8 avril 2017
 (Corinne Jeammet)
"Aujourd'hui, les créateurs proposent à peu près la même chose. Pour sortir du lot, ils doivent offrir un travail plus personnel, plus créatif, en revenant à plus d’artisanat. Dans les écoles, on ne leur apprend pas assez les techniques nouvelles, il faut pourtant les éduquer à la réalité. Il faut qu’ils fassent des stages chez les fabricants car à l'origine du vêtement, c'est la matière" explique-t-elle tout en déplorant : "On ne leur apprend pas à aller dans les usines, voir comment cela se passe". "Le plus important ce sont les 3 F : Fonction, Formes, Fabrique. Il faut que les créateurs soient innovants dans ces trois secteurs" conclut Marithé Bachellerie.

Depuis leur rencontre en 1967, Marithé Bachellerie et François Girbaud ont été à l'avant-garde de l'innovation (délavage, gravure au laser… ) avec leur marque de jeans. A partir de 1989, ils ont concentré leurs recherches sur des techniques écologiquement et éthiquement conscientes afin d'éliminer les produits chimiques dangereux. Leur méthode Wattwash™, écologique, utilisant 97,5% d'eau de moins que les méthodes traditionnelles. Après 2 ans d'arrêt, en novembre 2015 la griffe s'est relancée, sans ouverture de boutique, sous le format d'un concept store itinérant "MAD LANE" (Madeleine)..

Des expositions pour ancrer la ville de Dinan dans la mode

En marge du Festival, la ville de Dinan a mis la mode au centre de toutes les attentions avec deux expositions : "Un regard sur Yves Saint Laurent, dans la collection d'Olivier Chatenet", jusqu'au 14 mai 2017.
Exposition "Un regard sur Yves Saint Laurent, dans la collection d'Olivier Chatenet" : le thème des sahariennes
 (Corinne Jeammet)
L'exposition "Coiffes des bords de Rance", jusqu’au 30 mai 2017, rassemble 17 coiffes montrant un travail artisanal exceptionnel.
Exposition "Coiffes des bords de Rance", présentée au Théâtre des Jacobins à Dinan, avril 2017
 (Corinne Jeammet)
La Joyce Gallery à Paris exposera les lauréats du Festival du 19 au 22 avril 2017 (168-173 Galerie de Valois, Jardin du Palais Royal. 75001 Paris).

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