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"C'est un objet clinique et personne n'a envie de rêver avec cela" : le délicat exercice du monde de la mode pour dédramatiser le masque

Les recherches pour trouver des masques ont grimpé de 496% au cours du premier trimestre 2020, selon Lyst, moteur de recherche dédié à la mode. Face à la pénurie de masques médicaux, ceux en tissus réalisés par les créateurs sont aujourd'hui recherchés

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Un masque en tissu sur un mannequin d'une boutique de mode en Pologne le 29 avril 2020 (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO)

Depuis de nombreuses années, les créateurs de mode ont fait porter des masques à leurs mannequins sur les podiums de la Fashion Week. Si hier, ce n'était pas pour se protéger d'une maladie, aujourd'hui la situation est différente.

La mode s'approprie timidement le masque pour dédramatiser cet objet anxiogène et mal vu en France dont le port généralisé en pleine pandémie du coronavirus marquera une révolution culturelle.

"Archaïque" et "oppressif", le masque marquera "une révolution"

Si on trouve sur Instagram mille et une façon de customiser le masque, pour les maisons du luxe, le sujet est "délicat" dans le contexte de la crise sanitaire où l'on a surtout envie que "cet accessoire se démode le plus vite", souligne l'historien de la mode Olivier Saillard. "Ce serait déplacé et d'une grande vulgarité d'avoir un logo sur un masque et d'en faire un profit", souligne-t-il. "C'est un objet clinique et personne n'a envie de rêver avec cela".

Pour l'anthropologue Frédéric Keck, le port du masque considéré dans la culture française "archaïque" et "oppressif" marquera une "révolution". Il a rappelé dans une tribune au Monde début avril à quel point ce morceau de tissu sur le visage était incongru en France où "l'idéal des Lumières réalisé par la Révolution française s'est construit contre les masques dont l'aristocratie s'ornait dans les salons".

Avec un masque "on s'efface sûrement", relève Olivier Saillard mais "ce n'est peut-être pas trop mal pour une époque tournée sur l'ego".

Verra-t-on des masques dans les prochaines collections des créateurs ?

Coperni, qui défile à la Paris Fashion Week, a été parmi les premiers à publier des patrons et des tutos en encourageant les Français à fabriquer eux-mêmes leurs masques. "Très tôt on a compris que cela allait être un problème", déclare le cofondateur, Arnaud Vaillant, en référence à la pénurie de masques. "Voir des gens masqués c'est un peu inquiétant, on se dit qu'on vit dans un monde particulier", constate-t-il. 

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Verra-t-on des masques dans leurs prochaines collections ? "On préfère ne pas se prononcer pour le moment" déclare le label. Interrogée Dior n'a pas donné suite tandis que la créatrice Marine Serre, dont l'univers est peuplé de créatures masquées et encagoulées, a décliné une demande d'interview.

Dans un premier temps les marques renommées comme Dior, Saint Laurent ou Balenciaga ont reconverti certains de leurs ateliers pour fabriquer des masques pour les soignants, tandis que d'autres marques ont préfèré financer des dons de masques (Alain Afflelou, Maje, Guess, le groupe Fast Retailing).

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