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Angel, le costumier des stars depuis 175 ans, sort de l'ombre

Il a habillé les stars de la scène ou du grand écran pendant 175 ans : le costumier londonien Angels a été distingué dimanche 14 février aux Bafta, les Oscars britanniques. Une reconnaissance pour cette famille dont l'activité se perpétue depuis sept générations et qui possède la plus grande collection de costumes pour le cinéma, le théâtre et la télévision.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le costumier Tim Angel à la tête de la maison Angel.
 (BEN STANSALL / AFP)

La maison Angels a été honorée  le 14 février aux Oscars britanniques, les BAFTA. Depuis 175 ans, elle habille les stars. Et pour cause : Angel possède la plus grande collection privée au monde de costumes pour le cinéma, le théâtre et la télévision. Son palmarès parle de lui-même : 36 Oscars du meilleur costume, dont le dernier en 2015 pour "The Grand Budapest Hotel".

"Star Wars", "Docteur Jivago", "Les chariots de feu", "Gladiateur", "Downton Abbey" "Game of Thrones" et une ribambelle de productions d'opéra, ballet et théâtre, comme la comédie musicale Wicked, ont aussi été récompensés.

Reportage : L. de La Mornais / C. Obert / E. Dherbomez

Une maison fondée par un immigrant juif allemand dans le Londres victorien...

Il y a pourtant un monde entre les collines d'Hollywood et les taudis et  cimetières du XIXe siècle du Londres victorien où l'immigrant juif allemand  Daniel Angels a commencé son commerce. "C'était un tailleur et il cousait des  vêtements usagés dans ce qui est aujourd'hui Earlham Street (centre de Londres), un quartier misérable", raconte à l'AFP Tim Angel, son arrière-arrière-arrière petit fils, président de la société.
Chapeaux, capelines et autres couvre-chefs de la maison Angel à Londres.
 (Jonathan Short/AP/SIPA)

Pour nourrir ses cinq enfants, Daniel Angel a trouvé du travail dans un cimetière "où il enterrait les maris et femmes des très riches", explique Tim. "Il leur demandait de lui donner les vêtements des morts et il a commencé à les  vendre", ajoute-t-il. "On était en plein dans le quartier des théâtres et les acteurs de l'époque devaient fournir leurs costumes. Quelqu'un lui a demandé un jour s'il pouvait  emprunter les habits au lieu de les acheter. Mais le mot emprunter ne faisait  pas partie du vocabulaire de mon ancêtre. Il a commencé à les louer et voilà comment tout a commencé".

Un million de pièces

La compagnie a prospéré sous la houlette de sept générations d'Angel. Dans un immense entrepôt de la banlieue peu glamour de Hendon, dans le  nord-ouest de Londres, derrière une façade banale, se cachent environ un million de pièces sur près de 13 kilomètres de rails, allant des costumes militaires, historiques, aux armures, manteaux royaux ou habits de tous les  jours.
Dans la maison Angel à Londres.
 (Jonathan Short/AP/SIPA)

"C'est le paradis, une vraie mine d'or", s'exclame parmi les cintres Noel  Sutton, dessinateur de costumes de la série télévisée "Marie, reine d'Écosse". "Il y a tout ce dont vous avez besoin, c'est très bien archivé", dit-il à  l'AFP, jugeant "formidable et méritée" la reconnaissance des Bafta. Les 120 employés font surtout appel à leur mémoire et à un système de fiches pour retrouver les vêtements. Une base de données numériques devrait  bientôt leur faciliter la tâche. La division "costumes" a fourni le manteau d'Obi-Wan Kenobi porté par Alec Guinness dans "Star Wars" et celui de Peter O'Toole en Lawrence d'Arabie est  suspendu quelque part.

25 couturiers et tailleurs

Guinness est l'une des stars habillées par Angels, comme Barbara Streisand,  Lee Marvin, Richard Burton, Elizabeth Taylor, Joan Collins, Charlton Heston,  Humphrey Bogart, John Wayne ou encore Heath Ledger pour son dernier rôle du  "Chevalier noir". Tim Angel reconnaît que les caprices de certaines stars ont mis la  compagnie sur les nerfs. Mais il ne donnera pas de noms. Le succès dont il est le plus fier? Evita, le film avec Madonna. "Tout le temps du film, elle était enceinte et personne ne savait, explique-t-il. Nous avons réussi à cacher les rondeurs tout du long".

Quelque 25 couturiers et tailleurs s'affairent dans l'atelier. "Ils ont un talent incroyable, ce sont les meilleurs", affirme à l'AFP Angela Santos,  chargée des costumes féminins."Les délais sont toujours très serrés. Si vous n'êtes pas passionné par ce  que vous faites, vous ne tenez pas le coup", ajoute-t-elle, alors que son  équipe travaille sur des costumes pour un nouveau show dans le West End. 

Pour son patron, la récompense des Bafta est une juste reconnaissance de  175 ans de dur travail. "Je suis fou de joie, dit-il. Pour une fois, nous sommes au centre de la scène, pas à l'arrière plan".

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