8 créateurs sculptent des "Anti-bijoux" à la galerie Collection, à Paris
L'exposition "Anti-bijoux" cherche à bouleverser le rapport d’échelle traditionnellement rattaché à l’idée que l’on se fait du bijou. On cherche à révéler ses composantes structurelles en lien avec la sculpture, l’architecture, la danse, la musique....
5 créateurs proposent des « pièces d’attitude et de comportement »
Éric Desprez de Gésincourt a pour bijou culte la bague. Il propose des modèles à facettes en corian bleu, en bleu de joaillerie et en cire bleue issues de ses encres de chine ou de ses compositions structurelles de blocs en médium qu’il photographie. La bague y apparaît telle une ville, telle une juxtaposition de volumes séparés par des failles et réveillés par la lumière.
Fabien Ifirès, qui provient du monde de la sellerie traditionnelle, manifeste son attachement au savoir-faire (cousu main), aux matières nobles et à la protection de l’environnement (cuir à 80% français, crin de cheval naturel, tannage végétal, cordons de soie produits par une Entreprise du Patrimoine Vivant parisienne…). Ses collections se calent sur celles de la haute couture. Sautoirs, colliers et manchettes séduisent par leur nature luxueuse, tout autant que par leur créativité audacieuse et « underground ».
Stéphane Landureau soumet la thématique et la forme à la technique. Il ne cesse d’expérimenter et conquiert les possibilités formelles que lui permettent le travail du métal repoussé et les outils inventés pour servir le projet. Les pendentifs Cratères qu’il présente se posent à plat sur un socle. Le lien est retenu, caché, à l’intérieur du volume. Le Cratère se porte en pendentif, à hauteur du nombril. Le volcan évoque le feu, indispensable à la ciselure, le nombril, sorte de point d’équilibre de l’être, le feu intérieur de chaque individu.
Patricia Lemaire travaille autour du corps, du bijou et de l’espace. Son outil de joaillier est la danse. Le corps convoque le rituel alimentaire, la survie, la communauté des hommes, le déchet - qu’elle a à coeur d’anoblir (os de poulet, queues de cerise...). La créatrice produit des pièces qui n’ont pas besoin du corps pour vivre dans l’espace, même si elles s’en sont nourries. Autoportées ou sur socles, elles demandent à vivre sous toutes leurs faces. Mais imaginer porter un bijou d’exception, son port virtuel suffit à faire bouger différemment dans l’espace. Le corps devient l’accessoire du bijou.
Alexander Blank a créé un monde fantastique composé des figurines cultes des dessins animés de notre enfance produits par la Warner Bros. Mais ces animaux, anthropomorphiques attendent plus de cette mise en volume, ils seraient presque prêts à s’approprier leur vie ! Ils sont sculptés dans une mousse rigide, tactiles et peints ensuite en blanc ou en noir. Ce créateur allemand est pour la première fois exposé en France.
3 artistes pour 3 matériaux nomades (la terre crue, la laine et le bois)
Hélène Angeletti, plasticienne, a coutume de générer des formes en laine invasives et ogresques. Pour la lisibilité graphique qu’il confère, elle a élu le noir. Eléments sculptés au crochet, assemblés, suspendus, en vue d’édifier une immense parure, si grande que c’est le bijou qui prendra le visiteur par la main pour entrer en son sein. C’est le corps qui pénétrera le bijou-installation et non l’inverse.
Nicole Crestou est plasticienne, adepte des installations-destructions en terre crue. Elle traite de la défiguration humaine, le plus souvent à travers des moulages de son corps. Elle érige une installation et dispose en dessous un bassin empli d’eau. Au rythme de l’eau ajoutée, la sculpture va entreprendre son agonie, par capillarité. L’entreprise d’anéantissement pose la question du temps, de la pérennité de l’oeuvre d’art, de la valeur mercantile de l’objet de luxe.
Pascal Oudet est sculpteur, tourneur sur bois. Dentelles de chêne brûlées, dorées à la feuille, la matière est là. Il prend le risque de se frotter à la thématique du bijou – inédite pour lui. L’enjeu étant de parvenir à conférer de la fluidité à son ensemble sculpté.
Exposition « Anti-bijoux », du 21 septembre au 2 novembre. Galerie Collection. 4, rue de Thorigny. 75003 Paris. Du mardi au samedi 11h-13h et 14h-19h. www.galeriecollection.fr
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