500 bagues d'homme du collectionneur Yves Gastou dévoilées à l'Ecole des Arts Joailliers
"Cette collection personnelle, c’est toute ma vie", explique le collectionneur qui compte pas moins de 1.000 bagues, et en expose ici la moitié. "Occultée par l’apparat féminin, la bague masculine retrouve ici toute sa grandeur dans un foisonnement qui parle à l’œil, à l’âme et au cœur", indique la Présidente de L’École des Arts Joailliers qui accueille l'exposition "Bagues d’homme, Collection Yves Gastou". "Cette volonté de donner à voir le bijou sous toutes ses facettes et de lever le voile sur ces trésors peu connus est au coeur des missions de L’École", ajoute Marie Vallanet-Delhom.
Les bagues, exposées dans des vitrines, sont mises en valeur dans une scénographie imaginée par l’architecte d’intérieur Jérôme Thénot, qui restitue l’univers gothico-mystique d’Yves Gastou. Les sept thèmes choisis illustrent la diversité du collectionneur : néoclassique, chevalerie, gothique, religieux, vanités, ethnique et curiosités.
Yves Gastou : "J’ai eu ma première bague à l’âge de 9 ans. Nous étions à Cadaqués en Espagne. Ma mère m'avait offert cette petite chevalière en argent avec mes initiales. Je l'ai perdu depuis."
Avez-vous une anecdote sur cet engouement pour les bagues ?
Yves Gastou : "Un peu plus tard, j’avais 14-15 ans, j’étais à l’église Saint-Martin de Limoux où il y avait une grande procession. À la fin de la cérémonie, on allait baiser la main de l’évêque. Ma mère m’a dit : cela fait cinq fois que tu vas baiser la main de l’évêque. Je lui ai répondu : mais maman il a une si belle bague."
Pourquoi cette collection ?
Yves Gastou : "Si je sors sans bague, je me sens nu. Pour moi la bague est un objet sensuel. Les collectionner est un acte sexuel, sensuel. Bagues de fiançailles, de mariage, d’amour, de souvenir… c'est aussi une protection. Auparavant il fallait ainsi rendre sa bague de fiançailles si par exemple la relation cassait. La bague avait donc toute son importance."
La joaillerie masculine, bien plus qu'un élément de parure
Les différentes mutations de la société entraînent des évolutions quant à l’usage des bijoux masculins et au rapport de l’homme avec la coquetterie. La joaillerie masculine se fait l’écho d’une réalité sociale, politique, économique et artistique. Bien plus qu’un élément de parure, le bijou masculin est à la fois instrument d’affirmation du pouvoir, outil de communication et accessoire de mode."Aujourd'hui, de plus en plus, on constate le retour des bagues masculines. Ces jeunes hommes ont une androgénéité extraordinaire. La bague est une provocation (...) Les bagues d’évêque je les vends à des hommes très puissants ou à des femmes. Mais les hommes ne les portent pas", explique le collectionneur. "Selon les pays, l’usage des bagues est différent (...) En Espagne, les gens affichent leurs bagues."
Pour Delphine Antoine, commissaire de l’exposition : "Cette collection est iconoclaste. Il y a beaucoup de provocation. Elle raconte une personnalité contradictoire. C’est l’histoire visuelle du collectionneur. Elle a un aspect sociologique puisqu’elle donne à voir le passé, le présent et notre civilisation. Aujourd’hui, on note un changement, avec le retour du bijou masculin mais décodifié, avec une plus grande liberté dans le porté du bijou."
Yves Gastou, la passion de l'accumulation
Yves Gastou exerce son métier depuis trente ans à Saint-Germain-des-Prés. Antiquaire défricheur, il sera le premier de sa génération à confronter le mobilier français et italien des années 40-50-70 aux pièces emblématiques du design des années 80. Il a constitué cette collection de bagues avec frénésie, acharnement, au gré à la fois de son parcours habituel de chineur (brocantes, ventes publiques, fonds de stocks de joailliers, fonds d’ateliers) et de ses voyages.Yves Gastou est un artiste, sa collection est l’expression de sa créativité. Riche de plus de mille bagues, d’époques et d’origines variées, elle relève d’une démarche qui, pour originale et personnelle qu’elle soit, s’inscrit dans une histoire du collectionnisme. Avec ses bagues antiques de l’ancienne Égypte, ses bagues de doges du XVIIe siècle ou de bikers américains des années 1970, l’ensemble tient autant du cabinet de curiosités des temps anciens que de la collection moderne.
En complément de l'exposition, il y a la publication de deux ouvrages. Le premier est un livre "Bagues d’Homme" (Editions Albin Michel) ainsi qu’un catalogue, un hors-série du magazine Connaissance des arts, offert aux visiteurs de l’exposition.
L’école des Arts Joailliers : initier le public à l’âme de la joaillerie
Installée depuis 2012 place Vendôme, l’École propose à un public adulte et enfant un programme d’ateliers, de cours et de conférences dispensés en anglais ou en français par des joailliers, dessinateurs, maquettistes, historiens d’art, gemmologues, horlogers, laqueur ou émailleur. L'École des Arts Joailliers, dédiée à l'apprentissage et la découverte du monde de la joaillerie, propose des cours autour de trois thématiques : histoire de l'art du bijou, le monde des pierres, et le savoir-faire. "On a greffé des activités comme les conférences, les ateliers et plus récemment les expositions", explique Marie Vallanet-Delhom."Bagues d’hommes" est la quatrième exposition proposée", précise la Présidente de L’École des Arts Joailliers
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