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2 créatrices font revivre la maison d’éventailliste Duvelleroy

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
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Temps de lecture : 2min
Eventailliste des reines au XIXe siècle, c'est la seule maison parisienne qui a traversé le temps jusqu’à sa fermeture dans les années 90. En 2010, Eloïse Gilles et Raphaëlle de Panafieu s’associent à son héritier pour remettre l’éventail au goût du jour. Il s'agit de redonner vie à cet accessoire à la gestuelle si féminine qui requiert un savoir-faire minutieux.

Fondée en 1827 par Jean-Pierre Duvelleroy, cette maison, qui aura une boutique rue de la Paix, remportera plusieurs médailles aux expositions universelles. La richesse d’exécution de ses collections, caractéristique de la haute façon française, lui vaut de devenir le fournisseur attitré des cours européennes, à commencer par celle de la reine Victoria. Cependant depuis l’après-guerre, l’activité a périclitée... les femmes s’habillant moins pour assister aux spectacles. Seul le marché de la restauration perdure car les collectionneurs sont nombreux.

Un patrimoine qui requiert un incroyable savoir-faire
Fidèle à la tradition de haute éventaillerie française, Duvelleroy fait encore appel, aujourd'hui, aux artisans de dizaines de corps de métier pour façonner ses créations: sculpteurs, graveurs, brodeurs, ennoblisseurs, plisseurs participent à l’élaboration de cet accessoire d’apparat. Un éventailliste -formé par le dernier maître d’art en France- assemble chaque éventail à la main. Ils sont signés par une marguerite, emblème de la maison.

Une riche palette de matières pour une gamme créative
Eventails haute-façon, éventails sur-mesure, éventails de designer (comme l’Air Conditioning signé Jean-Charles de Castelbajac ou celui du Moulin Rouge qui reprend les affiches dessinées par Gesmar dans les années 20), éventails fantaisie… cette maison propose un vaste éventail de produits. Si elle a perduré, c’est grâce à la passion de son héritier, qui a conservé moules à plisser, patrons, projets de monture avec la certitude « d’en faire un jour quelque chose » indique Eloïse Gilles. 

La créatrice précise: « le choix est aussi large que la palette de matières utilisées : « nacre perlière, nacre grise de Tahiti, ébène, galalithe, corne veinée, fibre de carbone… ». Une créatrice particulièrement intéressée par « l’aspect textile-couture du support qui se prête à toutes les créations. On peut ainsi utiliser la feuille en soie, l’organza, la dentelle, des plumes d’autruche ou de faisans mais aussi la feuille d’or… ». Mais tout n’est cependant pas possible. Ainsi indique-t-elle: « Certaines contraintes comme le poids vont limiter le degré d’ouverture de l'éventail, le nombre de plis et celui des brins utilisés ainsi que l’épaisseur de l’objet".

Un objet à manier, cependant, avec précaution
Un éventail doit être ouvert avec une certaine lenteur, par un glissement latéral et ne peut pas être “claqué” à la manière espagnole. Il faut évitez les chocs ou pire la chute. Il doit être fermé de temps à autre pour empêcher les plis de s’affaisser ou de perdre leur forme. Clos, l’éventail doit être conservé dans son écrin d’origine et maintenus par le ruban.

Le travail de couture des plumes sur un éventail
 (Duvelleroy)
Au XIXe, Duvelleroy publie le langage de l’éventail. Ici "Je vous aime"
 (Duvelleroy)

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