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"Vernon Subutex 2" : Virginie Despentes réussit une saison 2 "peace and love"
"Vernon Subutex 2" de Virginie Despentes est arrivé. Dans ce deuxième opus, la romancière poursuit sa "Comédie humaine" contemporaine. On y retrouve presque tous les personnages du premier tome (vendu à plus de 80 000 exemplaires et cinq fois primé). Dans ce 2e tome (il y en aura 3), on entre dans le vif du sujet et les mœurs s'adoucissent au contact d'un Vernon mystique.
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L'histoire : Le deuxième tome commence par un rapide rappel sous forme d'une liste de courts portraits des différents protagonistes présents au premier épisode, comme une série ferait le rappel de la saison précédente. Virginie Despentes accompagne le lecteur avant de le replonger dans la suite des aventures de Vernon Subutex, son héros et on lui en est reconnaissant. C'est très pratique. On peut s'y référer de temps en temps au cours de la lecture.
Dans ce deuxième tome, donc, on retrouve Vernon toujours dans la rue, et dans un drôle d'état. Depuis qu'il a été malade (grosse fièvre), l'ancien disquaire traverse des phases de lévitation où il perd totalement contact avec le monde réel. Installé dans une bâtisse abandonnée de la capitale, nichée derrière un jardin communautaire, "il débloque. Il a des absences."
Il apprend à vivre dans la rue, avec les conseils de Charles, un vieux poivrot qui squatte tous les jours le banc sur lequel il a atterri, et qui s'est pris d'affection pour lui. La hyène le cherche toujours. Mais aussi beaucoup de ses anciens amis qui l'ont hébergé au début de sa galère… Cette traque finit par aboutir et l'on découvre enfin ce qui se cache dans la vidéo testament que le rockeur Alex Bleach a laissée chez Vernon avant de mourir…
Au début de l'histoire, Vernon apparaissait comme un ange déchu de la grande période rock and roll des années 90. La tendance se confirme. Dans le deuxième tome, il "ressuscite" et rassemble autour de lui une communauté hétéroclite composée entre autres de ses anciens amis. Ils se retrouvent le soir dans le parc des Buttes-Chaumont, ou dans un bar, le Rosa, autour de Vernon en figure quasi-christique, sérieusement perché (il écoute parler les arbres), mais dont les accolades chaleureuses et les mixes réconfortent…
Despentes excelle dans l'art de photographier le monde contemporain. Ecriture vive, construction impeccable, la romancière fait la synthèse de la grande tradition du roman français du XIXe et de la culture des séries américaines. Résultat : on est accroc.
Vernon Subutex 2 Virginie Despentes (Grasset – 383 pages – 19,90 euros)
Extrait :
"C'était devenu un peu ça, le parc, dans la journée : un mélange de groupe de discussion, coffe shop à ciel ouvert, débit de bière et lieu de débats. La pelouse était son salon, Vernon y recevait avec l'affabilité de l'hôte disponible et touché de tant d'attentions. Sa vie était agréable : il y avait des petits gâteaux, du rosé, des gens aimables, toutes les filles aux petits soins pour lui, on écoutait de la bonne musique sur des enceintes en forme de tube à connexion bluetooth, il y avait les habitués et des qui passaient pour un jour. Une vie sociale à domicile, pas compliquée, et jamais aucun papier administratif pour lui pourrir sa matinée."
Dans ce deuxième tome, donc, on retrouve Vernon toujours dans la rue, et dans un drôle d'état. Depuis qu'il a été malade (grosse fièvre), l'ancien disquaire traverse des phases de lévitation où il perd totalement contact avec le monde réel. Installé dans une bâtisse abandonnée de la capitale, nichée derrière un jardin communautaire, "il débloque. Il a des absences."
Il apprend à vivre dans la rue, avec les conseils de Charles, un vieux poivrot qui squatte tous les jours le banc sur lequel il a atterri, et qui s'est pris d'affection pour lui. La hyène le cherche toujours. Mais aussi beaucoup de ses anciens amis qui l'ont hébergé au début de sa galère… Cette traque finit par aboutir et l'on découvre enfin ce qui se cache dans la vidéo testament que le rockeur Alex Bleach a laissée chez Vernon avant de mourir…
Vernon en Jésus de la Butte
L'argent, l'Islam, le sexe, l'exclusion, le mariage pour tous, la politique (les trahisons de la gauche, la montée des extrêmes…) la drogue, les réseaux sociaux, la maternité ou la vie conjugale, l'amitié, l'amour… Virginie Despentes poursuit sa grande fresque de la société contemporaine. Dans le premier tome, elle avait campé les personnages et posé les situations, comme on distribuerait les pièces du puzzle. Dans celui-ci on entre dans le vif de l'intrigue. Le puzzle prend forme.Au début de l'histoire, Vernon apparaissait comme un ange déchu de la grande période rock and roll des années 90. La tendance se confirme. Dans le deuxième tome, il "ressuscite" et rassemble autour de lui une communauté hétéroclite composée entre autres de ses anciens amis. Ils se retrouvent le soir dans le parc des Buttes-Chaumont, ou dans un bar, le Rosa, autour de Vernon en figure quasi-christique, sérieusement perché (il écoute parler les arbres), mais dont les accolades chaleureuses et les mixes réconfortent…
"Peace and love" version Despentes
Le premier tome était noir et tranché. Le second est plus doux (mais pas mou du tout), plus "lié", comme les personnages soudainement gagnés par un désir d'être ensemble. Le premier tome dressait un constat. Dans le second, on passe à l'action. Cette mise en mouvement s'accomplit en groupe, autour de la figure apaisante de Vernon, personnage déconnecté du monde, sans objectif, sans projets, sans volonté de réussite. A travers la fête, la musique, la danse, les personnages s'assouplissent, même si la violence est toujours là, tapie, prête à jaillir. On est dans l'utopie d'une vie communautaire idéale. Suite au prochain épisode…Despentes excelle dans l'art de photographier le monde contemporain. Ecriture vive, construction impeccable, la romancière fait la synthèse de la grande tradition du roman français du XIXe et de la culture des séries américaines. Résultat : on est accroc.
Vernon Subutex 2 Virginie Despentes (Grasset – 383 pages – 19,90 euros)
Extrait :
"C'était devenu un peu ça, le parc, dans la journée : un mélange de groupe de discussion, coffe shop à ciel ouvert, débit de bière et lieu de débats. La pelouse était son salon, Vernon y recevait avec l'affabilité de l'hôte disponible et touché de tant d'attentions. Sa vie était agréable : il y avait des petits gâteaux, du rosé, des gens aimables, toutes les filles aux petits soins pour lui, on écoutait de la bonne musique sur des enceintes en forme de tube à connexion bluetooth, il y avait les habitués et des qui passaient pour un jour. Une vie sociale à domicile, pas compliquée, et jamais aucun papier administratif pour lui pourrir sa matinée."
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