Tatiana de Rosnay nous ouvre "Son carnet rouge" de nouvelles
Tatiana de Rosnay, l'auteur à succès planétaire de "Elle s'appelait Sarah" publie cette fois un recueil de nouvelles. Dans "Son carnet rouge" (Héloïse d'Ormesson), la romancière décline le thème de l'adultère sous toutes ses formes.
"J'ai commencé à écrire ces nouvelles il y a 20 ans", explique Tatiana de Rosnay. Un certain nombre avaient été publiées en 1997, avant le succès mondial de "Elle s'appelait Sarah" (Héloïse d'Ormesson). "J'avais été trompée par un jeune homme indélicat, qui faisait la liste de ses conquêtes dans un carnet", explique la romancière. Point de départ de "Son carnet rouge".
Un sujet qu'elle a déjà évoqué dans ses romans. "Si on regarde bien, tous les couples ou presque de mes romans sont infidèles. C'est étonnant parce que par ailleurs dans la vie je suis mariée au même homme depuis des années, et heureuse. Cela pourrait intéresser un psy !", plaisante-t-elle.
Un bon matériau pour raconter des histoires
"Non, plus sérieusement, c'est un thème qui intéresse tout le monde. On est tous concernés par l'adultère. On en a tous peur, peur d'être trompé, peur de tromper, peur d'avoir mal, peur de faire mal. Et puis l'infidélité c'est l'amour, le sexe, la jalousie, le secret… Tous les ingrédients du romanesque. Je n'ai rien inventé, lisez Tolstoï ou Flaubert!"
"Ce qui m'intéresse dans l'adultère, c'est d'explorer les sentiments, les émotions, la douleur. Qu'est-ce qu'on ressent quand on est trompé et comment on réagit", explique Tatiana de Rosnay. "Et ce qui me fascine le plus, c'est le déni. Faire comme si cela n'existait pas. Comme ce personnage d'une des nouvelles, une femme qui découvre l'infidélité de son mari en écoutant les messages d'un répondeur mal raccroché, et qui efface, pour faire comme si cela n'avait jamais existé."
L'adultère et son effroyable banalité en 11 nouvelles
La romancière a délibérément choisi le mode court pour explorer ce thème. "Décliner 11 histoires sur un même thème, je n'aurais pas pu le faire avec un roman, ou alors il aurait fallu relier les histoires, faire se croiser tous ces personnages… La nouvelle ça permet d'explorer des limites qu'impose un roman. Avec les nouvelles on peut changer de style, de narration, de point de vue, avec chaque nouvelle histoire. Avec le roman vous ne pouvez pas vous accorder tout ça", explique Tatiana de Rosnay, qui dit prendre beaucoup de plaisir à écrire dans ce format.
Et Tatiana de Rosnay explore toute la palette des sentiments possibles dans des histoires courtes qu'elle cisèle : scénario serré, rythme soutenu, chutes soignées. La romancière fait mouche et donne des nouvelles oppressantes, malgré l'humour qu'elle distille au fil des lignes. "Ce n'est pas un livre érotique comme '50 nuances de grey'" revendique la romancière. "Ce ne sont pas non plus des histoires à l'eau de rose, c'est noir, oui, j'appuie là où ça fait mal…", souligne cette raconteuse d'histoires, qui avoue être très joyeuse dans la vie et beaucoup moins dans ses romans. "C'est un livre qui terrifie pas mal de gens. Mais j'assume !", conclut-elle.
Son carnet rouge Tatiana de Rosnay (Héloïse d'Ormesson - 192 pages - 17 euros).
Extrait
"- Louise, tu es devenue folle?
Louise était arrivée au quatrième étage. Elle se pencha et aperçut sa belle-mère pétrifiée trois étages plus bas, le bébé pleurant dans ses bras.
Elle leur envoya un pâle sourire qui ressemblait davantage à une grimace de douleur.
- Ce sera vite fait avec mon hachoir à viande. Ne vous faites pas de souci, j'épargnerai André. A tout de suite !"
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