Serge Joncour, le routard des lettres, reçoit le prix Interallié pour "Repose-toi sur moi"
Serge Joncour a été choisi au premier tour par six voix contre quatre à Eric Vuillard ("14 Juillet", Actes Sud) et deux à Gaël Faye ("Petit pays", Grasset).
A l'opposé des livres plutôt sombres publiés cet automne, le roman de Serge Joncour est un roman optimiste, une histoire d'amour qui finit bien entre Aurore, styliste, femme mariée et mère de famille déboussolée et Ludovic, un ancien agriculteur devenu recouvreur de dettes, veuf et taciturne.
Aurore et Ludovic habitent le même immeuble. Ils se croisent sans se voir. Chacun représente pour l'autre tout ce qu'il déteste. Pourtant, le miracle de l'amour va se produire. Leurs divergences pour régler un problème de corbeaux qui nichent dans la cour les mènent à l'affrontement mais ils finissent par apprendre à se connaître.
Un joli portrait de "gens bien"
Aurore réalise que seul Ludovic (une force de la nature qui ressemble assez à Serge Joncour lui-même) est capable de l'écouter alors que sa vie part à vau-l'eau (son associé tente de l'évincer de leur société, son mari est concentré sur son travail). Ludovic quant à lui sait reconnaître cette solitude qui ressemble à la sienne et en aidant Aurore va peut-être se sauver lui-même.Qui en définitive prend soin de l'autre ? C'est le noeud du roman et Joncour répond à cette question avec une grande finesse. L'auteur dresse un joli portrait de "gens bien". Les cyniques ricaneront, la plupart des lecteurs apprécieront cette humanité, qui, de roman en roman, est sa marque de fabrique.
"Mon roman c'est le portrait d'une rencontre", avait résumé l'écrivain, âgé de 54 ans, lors d'un récent entretien avec l'AFP.
Une dizaine de livres et plusieurs prix
Né en 1961 "un jour de grève générale", Serge Joncour a fait des études de philosophie et eu plusieurs métiers (publicitaire, maître nageur) avant de devenir écrivain. Il a publié son premier roman, "Vu", en 1998 (Le Dilettante, Prix France Télévisions en 2003). Il a reçu le Prix de l'Humour noir Xavier Forneret en 2005 pour "L'Idole". L'an dernier, il a reçu le Prix des Deux Magots pour "L'Ecrivain national". Serge Joncour a publié une dizaine de livres dont deux ont été portés à l'écran ( "UV" et L'Idole").L'an dernier, c'est Laurent Binet qui avait reçu l'Interallié pour "La septième fonction du langage" (Grasset).
Le prix Interallié est décerné tous les ans depuis 1930. Il a été fondé par des journalistes qui déjeunaient au Cercle de l'Union interalliée de Paris en attendant les délibérations des femmes du jury du Femina. Uniquement honorifique, il ne donne lieu à aucune récompense financière.
Il récompensait au départ un roman écrit par un journaliste, une règle abandonnée depuis longtemps. Le jury est composé de dix journalistes et du lauréat de l'année précédente (Laurent Binet, Gilles-Martin Chauffier, Stéphane Denis, Jacques Duquesne, Serge Lentz, Christophe Ono-dit-Biot, Jean-Marie Rouart, Jean-Christophe Rufin et Florian Zeller. Il est présidé par Philippe Tesson.
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