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Ron Rash à contre-courant dans "Le Chant de la Tamassee"

Le personnage principal du nouveau roman de l'écrivain américain ? Une rivière, la Tamassee. Après la noyade d'une fillette, militants écolos, autochtones, élus et famille de la victime règlent leurs comptes. Un récit qui conjugue parfaitement la poésie des descriptions du cours d'eau capricieux et le scénario d'un polar sociétal plutôt original.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 1 min
Ron Rash signe "Le Chant de la Tamassee" (Seuil)
 (LAMACHERE AURELIE/BALTEL/SIPA)

Ron Rash a un talent fou pour décrire la nature américaine. Dans "Une Terre d'Ombre", elle était austère, pauvre et sombre. Un paysage désolé théâtre de répliques du tremblement de terre mondial de la guerre de 14-18. Cette fois, c'est dans la Caroline du Sud d'aujourd'hui que Rash plante son décor. La Tamassee, un cours d'eau capricieux qui serpente le long de la frontière entre plusieurs états. Un magnifique piège à ciel ouvert capable d'engloutir les plongeurs les plus expérimentés.

La petite Ruth, 12 ans, vient de succomber, après s'être imprudemment éloignée de la rive. Les sauveteurs n'ont pas réussi à récupérer son corps coincé sous un rocher. Après des semaines de vaines recherches, la famille prend l'initiative de faire installer un barrage amovible. Les écologistes du coin se mobilisent contre cette atteinte à un cours d'eau protégé.

Venue couvrir cette opposition de plus en plus explosive, la jeune photographe Maggie retrouve les terres de son enfance et un père mourant. C'est à travers son regard que nous allons vivre les rebondissements de cette affaire inédite, entre les tenants d'un ordre naturel à protéger coûte que coûte et ceux pour qui les aspects environnementaux restent secondaires.

Ron Rash équilibre son récit. Les militants écologistes sont parfois présentés comme des extrémistes arc-boutés sur leur dogme et il est sensible à la douleur de la famille… Mais son cœur balance clairement en faveur de ceux qui ne veulent pas bousculer le fragile équilibre de la nature. Peut-on détourner, même durant quelques minutes, le cours de cette rivière pleine de mystères sans conséquences ? On se doute que non, et la vengeance des éléments va faire des dégâts. Remarquablement écrit – Rash dispose d'un vocabulaire infini pour décrire cette région restée sauvage – "Le Chant de la Tamassee" se lit aussi comme un roman à suspense, aux ingrédients très maîtrisés.

"Le Chant de la Tamassee" de Ron Rash (Seuil) – 252 pages – 20,00 €

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