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Rentrée littéraire - "Par le vent pleuré" : 5 questions à Ron Rash
Avec "Par le vent pleuré" (Seuil), le romancier américain Ron Rash raconte l'été 68, le fameux "Summer of love", à travers l'histoire de deux frères bouleversés par l'arrivée dans leur vie d'une jeune femme qui apporte avec elle le vent de liberté qui souffle sur l'Amérique. "Je voulais réussir à faire un livre comme "L'étranger" de Camus, explique le romancier. Interview.
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Quel est le sujet de votre roman ?
Ce livre est aussi un livre qui parle de la rivalité entre deux frères. L'éternelle rivalité qui a commencé avec Abel et Caïn. Le principe de ce livre est de raconter une histoire qui a l'air toute simple, mais qui si l'on creuse, touche à toutes sortes d'autres choses et nous emportent loin, très loin, jusqu'à la Bible (il sourit).
C'est aussi un livre sur la mémoire, sur ce que deviennent les faits passés par la narration. C'est à la fois "se souvenir" et "raconter une histoire". Il y a aussi toute l'incertitude qui régit cette narration et en particulier dans ce roman, le fameux concept du "narrateur non fiable". On s'interroge sur le degré de crédibilité d'Eugène, le narrateur. Pour ce personnage, raconter est un acte de pénitence. Il se rachète en créant un écrin pour cette femme, qu'il appelle "la sirène".
Dans ce roman je joue aussi beaucoup avec les éléments : l'eau, le feu…
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Comment est né le livre ?
À partir de là j'ai fait régulièrement des cauchemars. Je rêvais que j'avais commis un meurtre. Et je me réveillais en me sentant coupable. C'était très désagréable. A partir du moment où j'ai commencé à écrire cette histoire (20 ans plus tard), les rêves se sont arrêtés.
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Comment avez-vous travaillé sur "Le vent pleuré"?
J'ai été très marqué quand j'étais adolescent par la lecture de "L'étranger", d'Albert Camus, que j'ai lu dans les années 60. J'avais été très impressionné. Je me suis dit qu'un jour, j'aimerais écrire un livre comme celui-là, où beaucoup d'éléments de l'histoire existent dans les non-dits. Je voulais réussir un livre comme "L'étranger", à écrire sans me répandre, en évaluant tout ce que l'on peut enlever au texte sans que le truc ne se casse la figure.
Donc pour travailler sur ce roman, j'ai d'abord voulu raconter une histoire simple, la plus concise et la plus ramassée possible. L'idée étant que derrière cette surface plane, simple en apparence, il y a des couches qui se démultiplient, de plus en plus profondément. C'est comme une rivière à truites, c'est clair et transparent, et en même temps il y a des choses cachées, des endroits où si l'on pose le pied on s'enfonce jusqu'au cou !
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"Par le vent pleuré", pourquoi ce titre, comment l'avez-vous choisi ?
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Que diriez-vous en quelques mots pour donner envie au lecteur de lire votre livre ?
C'est une période qui a libéré la joie, la musique, l'amour, la fraternité mais en même temps qui a aussi libéré Charles Manson. Le même été il y a eu ces massacres et en même temps des gens qui dansaient nus sur les plages… Et puis ensuite comme si s'accomplissait la sombre prophétie des Doors, cela se termine mal, en tous cas aux Etats-Unis c'est certain, cela a mal fini…
(Merci pour la traduction, par Marie-Caroline Aubert, éditrice de Ron Rash en France aux éditions du Seuil)
"Par le vent pleuré", de Ron Rash, traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez (Seuil – 208 pages – 19,50 €)
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