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Rentrée littéraire 2012 : les sept romans les plus ...

Une rentrée littéraire de crise ? 646 romans paraissent à l'automne, contre 654 l'an dernier, soit une baisse de 1,2% selon Livres Hebdo. Refusant de se laisser gagner par la morosité, nous avons listé sept romans superlatifs de la rentrée : le plus geek, le plus gourmand, le plus présidentiel, le plus long, le plus mathématicien (fou)...
Article rédigé par franceinfo - Anne Brigaudeau
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Publié
Temps de lecture : 6min
La rentrée littéraire 2012 : 646 romans
 (Richard B. Levine/ NEWSCOM / SIPA)

Les traits saillants de la rentrée 2012, tels que livrés par le magazine professionnel Livres Hebdo ? 646 romans annoncés pour l'automne, dont 426 romans français et à peine 69 premiers romans, chiffres les plus faibles depuis 2002 (2001 pour les premiers romans).

Prudents, les éditeurs se sont rabattus sur les valeurs sûres et ont limité les risques. Avant la rentrée, liste de sept romans français intrigants parce qu'ils sont le plus ...

Le plus geek

Le thème du premier roman d'Aurélien Bellanger, 32 ans, ancien libraire,  a déjà fait le tour de la Toile.

"La théorie de l'information" (Gallimard) retrace la révolution numérique des quarante dernières années, du minitel à Internet. Elle s'inspire, semble-t-il, de la trajectoire fulgurante d'un des rares milliardaires français qui n'ait pas hérité sa fortune : le vice-président d'Iliad (Free), Xavier Niel.

"Adolescent solitaire épris d’informatique", le héros du livre, "pornographe amateur, pirate récidiviste et investisseur inspiré, deviendra l’un des hommes les plus riches du monde"(annonce l'éditeur).

Livres Hebdo prédit un beau destin à ce roman de cinq cents pages, probablement "une des sensations de la rentrée". Un détail encore : il y a deux ans, l'auteur avait publié un essai consacré à "Houellebecq, écrivain romantique". Voilà qui désigne un modèle, une ambition et une vision du monde (ou de la littérature).

Aurélien Bellanger se serait inspiré de la trajectoire de Xavier Niel pour son premier roman
 (C.Helie/Gallimard)
 

Le plus présidentiel

Laurent Binet sera-t-il le Yasmina Reza de François Hollande ? "Le beau gosse agrégé de lettres", comme l'avait décrit Valérie Trierweiler qui passe pour l'avoir introduit auprès de l'ex-député de Corrèze, s'est glissé pendant la campagne dans le "Hollande tour" (la cohorte des journalistes qui suivait le candidat socialiste).

Récit-gonzo (hautement subjectif)  de cette accession au pouvoir, "Rien ne se passe comme prévu" repose sur un insoutenable suspense : "l'auteur, qui observe jour après jour l'altération de sa subjectivité, va-t-il finalement se convertir à la sociale-démocratie et voter Hollande ou tenter le diable, oublier 2002 et voter Mélenchon ?"

Grasset, qui va soigner la sortie, compte décrocher le gros lot comme l'avait fait Flammarion avec "L'Aube le soir ou la nuit". Ce court texte de Yasmina Reza sur la conquête de l'Elysée par Nicolas Sarkozy avait été un des best-sellers de 2007.

Pour Laurent Binet, "Rien ne se passe comme prévu"
 (DR - Grasset)

Le plus long - et le plus emballant ?

1770 pages, diantre ! De quoi rivaliser avec la fibre feuilletonniste d'un Alexandre Dumas ou d'un Eugène Sue payés à la ligne. Le plus long roman de la rentrée, "Dans les plis sinueux des vielles capitales" de Sylvie Taussig, est publié chez Galaade, petite maison de qualité.

Comment justifie-t-elle un choix si hardi ? "Il s'agit d'un roman qu'on avait dans les bagages depuis cinq ans", s'enthousiasme-t-on chez l'éditeur. "C'est une oeuvre monstre où tout se rejoint, et une écriture singulière".

Née en 1969, l'auteur, traductrice de la philosophe Hannah Arendt, fait de la recherche au CNRS. Au critique paresseux, Galaade envoie un emballant "livret avec le synopsis",  qui donne furieusement envie de plonger dans ce roman tentaculaire sur Paris, ville monde et cité millénaire.

"Dans les plis sinueux des vieilles capitales"
 (Galaade)
 

Le plus mathématicien 

"Albert Einstein aimait à dire : "je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilége de rentrer à pied avec Kurt Gödel" (quatrième de couverture).

Signé Yannick Grannec, "La déesse des petites victoires" raconte, par la voix de sa femme Anna, l'histoire de ce mathématicien et logicien de génie (1906-1978) qui avait fui l'Autriche après l'annexion nazie, pour rejoindre les Etats-Unis.

Dépressif, paranoïaque, inapte à la vie quotidienne, il fut à deux doigts d'expliquer au juge chargé de sa naturalisation qu'il avait trouvé une faille logique dans la Constitution américaine permettant de transformer légalement le pays en dictature.

La figure exceptionnelle de celui qui fut surnommé, enfant, "Herr Warum" (Monsieur pourquoi) avait déjà inspiré des livres de haut vol (comme Gödel, Escher et Bach, les brins d'une guirlande éternelle). L'on se réjouit qu'un roman grand public puisse enfin populariser cette vie hors du commun dans un siècle tourmenté.

Yannick Grannec, auteur d"un roman sur le mathématicien Kurt Gödel
 (Bruno Charoy)
 

Le plus gourmand

"Retrouvailles à l'appartement de Flore. Elle me prépare des encornets avec un joli vin blanc. C'est vif. Rien de plus troublant qu'un plat fait maison. Prenez et mangez, ceci est mon corps." Voilà un extrait de roman qui met autant en appétit que son titre coquin ("Dans ma bouche", Flammarion).

Quoi de plus normal puisque l'auteur s'appelle François Simon, critique gastronomique réputé du "Figaro" ? Au menu de son roman, émotions culinaires et conquêtes féminines, de Bretagne au Japon et de Paris à Hong Kong. Il faudra attendre la mi-septembre -date de sa sortie- pour juger si l'oeuvre est poivrée, suave ou fondante.

Le plus fantastique

Linda Lê, une des plus belles écritures de la littérature française, revient à la rentrée 2012 avec "Lames de fond" (chez Christian Bourgois). Un roman hanté par les thèmes habituels de l'écrivain: l'amour, l'immigration, l'altérité, le poids de la langue.

"Je n'ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j'ai toute envie de soliloquer." Ainsi commence le livre et le récit de Van, immigré vietnamien qui se souvient, du fond de son cercueil, de sa dernière année d'exil en France.

Dès "Les évangiles du crime", coup de maître publié à moins de trente ans, en 1992, Linda Lê a soudé autour d'elle une secte d'adorateurs. Ce public conquis devrait, une fois de plus, être fidèle au rendez-vous.

Linda Lê, qui publie "Lames de fond"
 (Mathieu Bourgois)

Le plus habituel

C'est devenu un rituel : Amélie Nothomb scelle le 23 août la rentrée littéraire avec son roman annuel, le 21e en deux décennies.  Celui-ci s'intitule "Barbe Bleue", réécriture de son "conte de fées préféré", a-t-elle confié à Livres Hebdo. La surdouée cérébrale a-t-elle mis un peu de chair autour du sang annoncé ? 2012, bon ou mauvais cru, vingt ans après "Hygiène de l'assassin" ?

Les pour et les contre s'écharperont, mais Albin Michel parie comme d'habitude sur un best-seller (tirage de départ à 200.000 exemplaires) signé du plus rentable de ses auteurs. Que pèse la critique quand le public a tranché, avec quinze millions d'exemplaires vendus en France depuis vingt ans ?

Amélie Nothomb réécrit "Barbe Bleue"
 (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

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