"La nuit tombée" d'Antoine Choplin : sur la route de Tchernobyl
Pas le temps de faire les présentations. Lorsque nous découvrons Gouri, il est déjà lancé dans son projet fou. Derrière sa vieille moto, il a ficelé tant bien que mal une remorque, et roule dans les faubourgs de Kiev. Direction Chevtchenko. Première étape de son improbable expédition.
Village après village, les voitures et les vivants se font rares. Gouri s'enfonce dans des zones toujours contaminées autour de Tchernobyl. Son regard se pose sur les maisons murées ou effondrées, la nature qui survit, ces signes mystérieux et inquiétants qui disent que le danger est toujours là.
A Chevtchenko, il retrouve ses amis Vera et Iakov. Iakov qui est retourné "nettoyer" la zone, à la demande des autorités et qui le paie désormais au prix fort. Sa peau l'abandonne, sa fin de vie est une souffrance. Un instant, il trouve l'énergie pour se souvenir de l'avant. Quand la vie était presque douce, les légumes si fameux. Iakov se meurt et Gouri l'aide à écrire un dernier mot d'amour à Véra. Il croise aussi Piotr, le grand ado abandonné et renfermé, qui ne parle plus.
La nuit est tombée, il faut repartir. S'enfoncer encore dans le cercle du danger, traverser des bois chargés en césium, éviter de toucher et de respirer cette poussière mortelle qui s'accroche à tout. Gouri réussit à s'introduire à Pripriat, sa ville. Et retrouve son appartement, démembré. Il est venu dans un but bien précis. Sa remorque est là pour ça...
Voilà un roman qui ne s'autorise aucun temps mort, habité par une sorte d'urgence. Gouri risque sa vie pour pas grand chose mais on le comprend parfaitement. Nous voici contaminés par ce désir impératif et violent de revoir la cité HLM des belles années. Cette histoire forte, ramassée, s'achève au lever du jour. On a le souffle coupé.
"La nuit tombée" d'Antoine Choplin (La Fosse aux Ours)
122 pages - 16,00 euros
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