"Prélude à son absence" : d’amour et de désir, le premier roman ambitieux de Robin Josserand
Il y a la poésie de Jean Genet, la musique de Glenn Gould et l’urgence de Cyril Collard dans ce premier roman de Robin Josserand, Prélude à son absence (éditions Mercure de France). Le ton est donné dès la première page, les premières lignes. "Si je devais réfléchir à ce pourquoi j’ai commencé à écrire, je dirais que la littérature, pour moi, consiste à décrire de beaux jeunes hommes. Des garçons partout, des garçons tout le temps : le projet vain d’un voyeur innocent. (…) Cette existence est devenue laide, décevante. Je n’écris plus. Je viens d’avoir trente ans". Puis, le désir est revenu. Puis, l’attachement. Puis l’obsession. Avec une écriture enlevée, fluide et profonde, Robin Josserand narre une histoire d’amour et de désirs, de pouvoir et de solitude.
Un garçon nommé Sven
Le roman est écrit à la première personne du singulier, un « je » bien particulier, intimiste et enfiévré. Toute ressemblance avec une personne vivante ou ayant vécu ne serait pas tout à fait fortuite. Le personnage, trentenaire et employé à la bibliothèque, se prénomme Robin. Il ressemble étrangement à l’auteur. Même prénom, même fonction, même âge. Est-ce un roman, en partie, autobiographique ? Robin, le personnage, est attiré par Sven, un jeune SDF, une attirance qui tourne très vite à l’obsession. Dans un texte parfois cru, l’auteur décrit la fièvre qui se saisit de son personnage, torturé par ses besoins physiques et son insatiable besoin d’amour. Robin, l’auteur, fait dire à son personnage, Robin, à propos de Sven : "Ce garçon n’éveille pas mon désir mais ma curiosité ; j’avais envie d’y goûter comme on goûte pour la première fois".
Qu’est-ce que le romantisme sans la mort ? L’amour est-il compatible avec le bonheur ? «Je crois qu’il faut écrire avec la verve de l’adolescence, seulement nous raconter nous, Sven et moi, le tragique de cette histoire, mon désir sale, ambigu, mauvais. Il faut enfin écrire la grâce de cet amour dont il ne veut pas et qui l’encombre ». Robin Josserand décrit, avec un style incisif, une descente aux enfers vertigineuse, nourrie par des blessures narcissiques. Prélude à son absence, un roman ambitieux, porté par une plume prometteuse.
(Prélude à son absence, Robin Josserand, éditions Mercure de France, 17,50 euros)
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