Philippe Djian reçoit le Prix Interallié pour "Oh..."
"Oh..." (Gallimard) est un récit percutant, sans répit, dans lequel l'héroïne, victime d'un viol, s'enfonce dans une spirale de mort et de sexe.
"Je suis très content, très fier et très satisfait", a réagi, cité par l'AFP, l'écrivain vêtu de noir comme à son habitude, à peine arrivé de Genève. "J'étais plutôt dans la position du mec qui se dit 'je m'en fiche des prix', et puis quand on est finaliste, on commence à trembler, à y croire", a ajouté Philippe Djian, qui siégera dans le jury pendant un an comme tous les lauréats.
L'écrivain, âgé de 63 ans, a été distingué par les jurés au 8e tour, avec 5 voix. Il était en compétition avec deux autres finalistes, Nicolas d'Estienne d'Orves pour "Les fidélités successives" et Sébastien Lapaque pour "La convergence des alizés".
L'Interallié, pour rectifier les oublis des autres prix
Le prix Interallié, qui clôt la saison des grandes récompenses littéraires, tente souvent de couronner l'un des oubliés des prix précédents. La semaine dernière, Philippe Djian avait été finaliste malheureux du Médicis (pour lequel il fut un temps favori), remporté par Emmanuelle Pireyre pour son roman-collage "Féérie générale".
Le jury a fait une exception car l'Interallié est généralement attribué à des journalistes-écrivains. "Nous sommes passés outre, a dit Jean-Marie Rouard, l'un des jurés, comme nous l'avions fait avec Michel Houellebecq que nous avions été les premiers à récompenser" en 2005, avec "La possibilité d'une île".
"Oh..." a été tiré à 80.000 exemplaires et vendu à 72.000. Une réimpression de 40.000 est en cours. "Ce prix va peut-être faire venir à moi d'autres lecteurs", a confié le lauréat.
Philippe Djian, portrait et interview par François Busnel sur France 5 ("La Grande Librairie", septembre 2012)
Philippe Djian, écrivain star depuis le succès de l'adaptation par Jean-Jacques Beineix, en 1986, de son roman "37°2 le matin" (800.000 entrées en trois semaines), a signé une douzaine de romans chez Gallimard, dont "Impardonnables" (2009), "Incidences" (2010) et "Vengeances" (2011). Son premier ouvrage, un recueil de nouvelles intitulé "50 contre un", est sorti chez Bernard Barrault en 1981. En 1983, sortait son premier roman, "Bleu comme l'enfer" (1983), chez le même éditeur, adapté par la suite au cinéma par Yves Boisset.
Outre son activité de romancier, Philippe Djian est le parolier du chanteur suisse Stephan Eicher, son grand ami. Mercredi matin, au moment où le prix Interallié allait lui être décerné, il était en route vers Paris, en provenance de la Suisse où il s'était rendu pour promouvoir l'album de son complice. Véritable écrivain-voyageur, Philippe Djian a d'ailleurs vécu cinq ans à Lausanne. Depuis, il s'est réinstallé dans sa ville natale, Paris.
Philippe Djian parle de "Oh..." (par Vincent Truffy pour Mediapart, Paris, août 2012)
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