Olivier Adam de retour dans la rentrée littéraire d'automne avec "Dessous les roses", une histoire de fratrie en trois actes
Olivier Adam nous plonge au cœur d'une histoire familiale, qu'il met en scène dans un roman en trois actes, autour de la mort du père.
Après avoir raconté les difficultés d'un père pour récupérer sa fille enlevée au Japon par sa mère dans Tout peut s'oublier (Flammarion, 2020), Olivier Adam revient dans la rentrée littéraire de cet automne 2022 avec un roman en forme de pièce de théâtre, qui met en scène trois enfants devenus adultes, réunis autour de leur mère après la mort du père. Dessous les roses paraît le 24 août aux éditions Flammarion.
L'histoire : Claire et Antoine, frère et sœur, se retrouvent dans la maison familiale pour l'enterrement de leur père. Paul, l'ainé de la fratrie, réalisateur et dramaturge, se fait attendre. Ses relations avec la famille ne sont pas au mieux. Il était fâché depuis quelques années avec son père, qui lui reprochait, comme Antoine, d'utiliser et de falsifier l'histoire familiale, pour nourrir ses films ou ses pièces…
Avec ce nouveau roman, l'auteur des Lisières revient sur ses thèmes de prédilection : la banlieue, la classe moyenne, la vie en pavillon, le deuil, l'ambition, le cinéma, la honte des origines, et surtout, la famille. Il aborde ici la question sous l'angle du récit familial, qui diverge d'un membre à l'autre, selon les perceptions de chacun, en fonction de sa place dans la fratrie, souvent très singulière.
À l'occasion de ce moment critique, la mort du père, les souvenirs remontent, se confrontent, s'opposent, ou se rejoignent (rarement). Olivier Adam souligne cette idée avec le personnage de Paul, homosexuel, artiste, cinéaste et dramaturge, à qui la famille reproche de vampiriser leurs vies, leur histoire familiale, et de les salir pour alimenter son œuvre.
Mise en abîme
Le romancier tente de cerner cet étrange objet qu'est la famille, cette mécanique bien huilée depuis les origines, où chacun tient la place qu'on lui a octroyée, et joue sans dévier sa partition. Entre complicité et règlements de comptes, les retrouvailles autour du mort sont l'occasion de déplacer les curseurs, de lever les malentendus, de révéler des vérités inattendues, avant que chacun ne retourne, c'est inéluctable, à sa place. Dans ce huis clos, chacun esquisse également le bilan de sa propre existence.
On retrouve la langue fluide, l'écriture orale d'Olivier Adam. Dans une unité de lieu (le pavillon familial), et de temps (l'action se déroule sur trois jours), ce nouveau roman prend la forme d'une pièce de théâtre en trois actes, entremêlant dans les deux premiers les voix de Claire et d'Antoine, puis dans le troisième, celle, conclusive, de Paul, à la fois auteur et personnage. Une mise en abîme vertigineuse, qui laisse le lecteur avec cette question : qui ment ?
Peut-on raisonnablement raconter l'histoire d'une famille ? La réponse se trouve peut-être dans ce récit choral, croisé, divergent, polyphonique, qui permet d'éfleurer la vérité d'une famille somme toute classique, affublée d'un père autoritaire, d'une mère tampon et de trois enfants qui ont fait, font, et continueront comme ils peuvent, à "faire avec".
Dessous les roses, d'Olivier Adam (Flammarion, 224 pages, 21 €)
Extrait :
"Paul aurait été foutu de sous-entendre que je cachais ma famille à Sarah, comme je l'avais cachée à toutes celles qui l'avaient précédée depuis Lise, parce que j'en avais honte. Honte de mes parents. De la maison et de la ville dans lesquelles j'avais grandi. Alors que c'est lui qui avait un problème avec ça. Je n'ai jamais compris pourquoi d'ailleurs. C'était quand même curieux, ce truc avec les artistes et les écrivains dans son genre, les "transfuges" comme ils se nomment eux-mêmes… Cette manie qu'ils avaient de vomir sur l'endroit d'où ils venaient tout en se vantant d'en être issus. Cette survalorisation systématique des attraits et des mérites de la bourgeoisie intellectuelle. Ce dénigrement constant, cette infériorisation méthodique des classes moyennes et populaires. Mais qu'est-ce que j'en avais à foutre ?" (Dessous les roses, page 62)
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