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"Montecristo" de Martin Suter : du rififi dans la haute finance suisse
Le romancier suisse Martin Suter publie à la rentrée "Montecristo", un polar qui reprend avec bonheur tous les codes du genre, et plonge dans les mystères de la haute finance helvète. Aussi distrayant que glaçant !
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Temps de lecture : 3min
L'histoire : Jonas Brand traîne sa petite quarantaine en travaillant comme reporter cameraman pour des émissions people. Divorcé, il s'interroge mollement sur sa vie et ce qu'il aurait pu en faire quand le hasard met entre ses mains deux billets de 100 francs suisses qui portent le même numéro de série. Au même moment, il est témoin à bord d'un train d'un "incident voyageur" : un homme s'est jeté sur les voies.
Jonas commence une enquête tandis qu'il se voit miraculeusement offrir la possibilité de tourner "Montecristo", un projet de long métrage jusque là refusé par tous les producteurs. Alors qu'il se rend quelques jours en Thaïlande pour faire des repérages, il échappe à une machination à base de cocaïne, qui aurait pu l'envoyer en prison pour le reste de ses jours… Il semblerait que son enquête sur les deux billets de banque et sur le supposé suicide du train cachent un scandale d'une ampleur qu'il n'avait pas imaginée…
"Montecristo" est aussi ornementé des motifs classiques du polar : un train, des billets cachés dans une statuette, un coffre à la banque, un appartement mis à sac, du Veuve Cliquot au bon endroit au bon moment, des images vidéo qui dérangent, un témoignage posthume, un fichier informatique bourré d'informations qui mettent son possesseur en danger…
La construction romanesque, bien balancée, tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Derrière ce polar, Suter jette un regard aigu sur la fragilité d'un système financier surpuissant, avec ses sbires prêts à tout pour le protéger, (il faut bien préserver le monde), mais susceptible de s'écrouler d'une chiquenaude bien placée… Et cette question, éternelle : la vérité est-elle toujours bonne à dire ? Un roman aussi divertissant qu'effrayant !
Montecristo Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni (Christian Bourgois – 340 pages – 18 euros).
Extrait :
"Dans la chambre à coucher, les matelas avaient été retournés, quelques-unes des vitrines à papillons reposaient au sol, sur la literie, et là encore les tiroirs étaient sortis et la penderie ouverte. Il dut grimper sur un amoncellement de pantalons e de verstes aux poches pendantes pour accéder à la divinité maternelle vietnamienne qui, bien que renversée, n'avait pas changé de place. Deux de ses doigts tendus aux ongles vernis de rouge étaient cassés. Jonas souleva le morceau d'étole en bois, appuya sur le bord du couvercle encastré et l'ouvrit.
Les cambrioleurs n'avaient pas découvert la cachette. L'argent s'y trouvait encore. Y compris les deux billets de banque aux numéros de série identiques."
Jonas commence une enquête tandis qu'il se voit miraculeusement offrir la possibilité de tourner "Montecristo", un projet de long métrage jusque là refusé par tous les producteurs. Alors qu'il se rend quelques jours en Thaïlande pour faire des repérages, il échappe à une machination à base de cocaïne, qui aurait pu l'envoyer en prison pour le reste de ses jours… Il semblerait que son enquête sur les deux billets de banque et sur le supposé suicide du train cachent un scandale d'une ampleur qu'il n'avait pas imaginée…
Tous les codes du bon petit polar
Le roman de Martin Suter est un thriller bien huilé, qui reprend tous les codes du genre avec habileté, avec des personnages bien dessinés, comme dans une série B : un enquêteur sympathique et sensible embringué malgré lui dans une grosse affaire qui le dépasse, une belle maîtresse mystérieuse et sensuelle, un méchant tueur à gages patibulaire, le vieux copain journaliste incorruptible à qui on ne la raconte pas…"Montecristo" est aussi ornementé des motifs classiques du polar : un train, des billets cachés dans une statuette, un coffre à la banque, un appartement mis à sac, du Veuve Cliquot au bon endroit au bon moment, des images vidéo qui dérangent, un témoignage posthume, un fichier informatique bourré d'informations qui mettent son possesseur en danger…
La construction romanesque, bien balancée, tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Derrière ce polar, Suter jette un regard aigu sur la fragilité d'un système financier surpuissant, avec ses sbires prêts à tout pour le protéger, (il faut bien préserver le monde), mais susceptible de s'écrouler d'une chiquenaude bien placée… Et cette question, éternelle : la vérité est-elle toujours bonne à dire ? Un roman aussi divertissant qu'effrayant !
Montecristo Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni (Christian Bourgois – 340 pages – 18 euros).
Extrait :
"Dans la chambre à coucher, les matelas avaient été retournés, quelques-unes des vitrines à papillons reposaient au sol, sur la literie, et là encore les tiroirs étaient sortis et la penderie ouverte. Il dut grimper sur un amoncellement de pantalons e de verstes aux poches pendantes pour accéder à la divinité maternelle vietnamienne qui, bien que renversée, n'avait pas changé de place. Deux de ses doigts tendus aux ongles vernis de rouge étaient cassés. Jonas souleva le morceau d'étole en bois, appuya sur le bord du couvercle encastré et l'ouvrit.
Les cambrioleurs n'avaient pas découvert la cachette. L'argent s'y trouvait encore. Y compris les deux billets de banque aux numéros de série identiques."
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