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"Marche blanche", dernier roman de Claire Castillon : un thriller psychologique au cœur d'une affaire de disparition d'enfant

La tragédie d'une mère après la disparition de sa fille, qui en cache peut-être une autre.

Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La romancière Claire Castillon (Francesca Mantovani)

Avec ce douzième roman, Claire Castillon, romancière, nouvelliste et auteure pour la jeunesse, plonge le lecteur dans la tête d'une mère ravagée par la disparition de sa fille. Marche blanche (Gallimard), thriller psychologique paru début janvier dans la rentrée d'hiver, emmène le lecteur au cœur des souffrances d'une mère sur des chemins inattendus, avec en arrière-plan une interrogation sur la maternité.

L'histoire : 23 janvier 2008, Hortense, 4 ans, a disparu. Quelques minutes avant le drame, la fillette jouait à cache-cache. "Je ferme les yeux, Hortense, je compte jusqu'à 30. Toi tu vas te cacher", venait de lui dire sa mère. Quand elle avait rouvert les yeux, Hortense n'était plus là. Depuis, 10 ans ont passé. Carl, le père, n'a pas baissé les bras. Il continue à coller des affiches, à imprimer la photo de leur fille sur les briques de lait, à organiser des marches blanches, "pour me maintenir en état de marche", souffle la narratrice, qui ne parvient pas à surmonter cette épreuve. "S'il baissait les bras, je m'écroulerais", dit-elle.

Dix ans ont passé quand viennent s'installer dans la maison d'en face un couple et ses deux enfants. Deux adolescents. La mère croit reconnaître sa fille Hortense dans les traits d'Hélène, la fille de ses nouveaux voisins… "Hier soir j'étais instable, il m'a dit ce mot ce matin. Plaque à vent. Est-ce que je me sens mieux ? Toutes les filles de quatorze ans ne sont pas Hortense."

"Le risque d'avalanche"

Récit des faits, difficultés à surmonter la tragédie, contexte familial, vaines recherches, mécanismes psychologiques mis en place par la mère pour ne pas sombrer, reproches, soupçons, remords, présence et soutien inconditionnels du mari… Le drame est raconté à la première personne par la mère, le narrateur plongé dans la tête de cette femme rendue folle par la souffrance. "Quelques fois, Carl mesure en moi le risque d'avalanche. Il est content quand ensuite, je me laisse aller à la légèreté, il évalue le temps que peut durer l'accalmie."

A travers cette voix intérieure, la romancière aborde toutes les épreuves que les parents ont à traverser dans un cas de disparition d'enfant : enquête, battues, témoignages farfelus, marches blanches, médiatisation et insurmontable douleur. Un monologue désarticulé, d'où peu à peu surgit la vérité. Une vérité qui emmène le lecteur sur une toute autre rive, vertigineuse interrogation sur la maternité et la folie.

Le roman de Claire Castillon est déployé en phrases courtes, sans pathos, creusant les ressorts psychologiques d'une mère fragile, dévastée par un drame qui en cache un autre. Un roman fort et dérangeant, sur un sujet tabou.

Couverture de "Marche blanche", de Claire Castillon (Gallimard, janvier 2020) (GALLIMARD)
Marche blanche, de Claire Castillon (Gallimard – 167 pages – 16 €)  

Extrait :
"Je me promène dans les Rousses avec Hortense dans la tête, Hortense qui, depuis sa disparition, se pose souvent sur les visages que je croise. Alors je leur souris doucement, à ces danseuses étoiles, à ces maîtresses d'école, à ces vétérinaires. Il n'est pas rare qu'Hortense me rejoigne en balade, que j'ouvre la portière arrière de la voiture avant la mienne pour asseoir son fantôme dans le siège enfant trop petit pour elle. Je claque la portière très doucement, j'essaie de le faire sans bruit, pour ne pas me sortir de ma rêverie. La quitter, c'est retrouver l'absence de la banquette arrière. Sinon, je peux m'asseoir, mettre son disque, d'abord la chanson 8, pas une autre. Si tu en mets une autre, t'es nulle, t'es plus jamais ma maman."      

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