Manuscrits retrouvés de Céline : de nouveaux éléments sur leurs provenances lèvent le voile sur une partie de leur mystère
Un ancien journaliste de Libération, Jean-Pierre Thibaudat, révèle ce mercredi 10 août 2022 sur son blog que les 6 000 feuillets inédits des romans "Guerre" et "Londres" ont été conservés pendant des années par la famille d'un grand résistant, Yvon Morandat.
C'est peut-être la fin d'un grande énigme. Un an après la réapparition, dans des circonstances mystérieuses, des manuscrits perdus de Louis-Ferdinand Céline, on en sait un peu plus sur la provenance de deux romans inédits, Guerre et Londres. Le journaliste Jean-Pierre Thibaudat, au centre de l'affaire, a affirmé mercredi 10 août 2022 sur son blog, hébergé par le journal Mediapart, qu'ils ont été conservés par la famille du résistant Yvon Morandat (1913-1972).
Des feuillets "abandonnés" par Céline
Les 6 000 feuillets inédits des deux romans, disparus en 1944, avaient été récupérés fin juillet 2021 par les ayants droit de l'écrivain collaborationniste et antisémite Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) et de sa veuve, Lucette Destouches, décédée en 2019. L'existence de ces documents avait été rendue publique un mois plus tard par le journal Le Monde, mais leur origine reste mystérieuse. La justice avait ouvert, à la suite d'une plainte déposée par les ayants droit, une enquête pour "recel de vol" à ce sujet, qui a été classée sans suite.
Durant 15 ans, les manuscrits été conservés par Jean-Pierre Thibaudat, critique dramatique et ancien journaliste de Libération. Il affirmait il y a un an se les être vu remettre par un de ses lecteurs, dont il n'avait pas révélé l'identité. Cette découverte a conduit à la publication début mai 2022 de Guerre (Gallimard, 140 000 exemplaires vendus). Jean-Pierre Thibaudat affirme aujourd'hui que ces feuillets, abandonnés par l'écrivain quand il avait fui la France pour l'Allemagne en juin 1944, ont été conservés par le résistant Yvon Morandat. Cet homme, l'un des trente premiers volontaires à avoir rejoint le général de Gaulle à Londres, a selon Thibaudat "habité l'appartement réquisitionné de Céline" à la Libération.
Pas un vol mais un acte de civisme
Jean-Pierre Thibaudat a pris contact avec sa fille, Caroline Lanciano-Morandat, rencontrant une femme sur la réserve : "Elle avait peur que l'on traite son père de voleur. Ce qui était absurde !", raconte-t-il à Mediapart.
"Comment cet homme aurait-il pu piquer tout ça ? À quoi bon ? C'est même tout le contraire. Il a préservé ces écrits dans un geste de générosité, de civisme. Quand il a contacté Céline pour les lui rendre, celui-ci a refusé. Pour lui, il était insupportable qu'un homme comme Morandat ait conservé tout ça, il ne pouvait que l'avoir détruit. C'est ce qu'il a dit dans des tas de lettres, tant il tenait à rester dans cette posture victimaire qui lui était caractéristique", affirme-t-il.
La suite des inédits de Céline, Londres doit paraître le 13 octobre chez Gallimard.
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