Littératures du Japon au Salon du livre 2012
C'est la deuxième fois que le salon invite le Japon, la dernière fois c'était en 1997. Le grand public découvrait alors la littérature japonaise. Aujourd'hui, grâce au travail de certaines maisons d'édtion (comme les éditions Picquier) et également en raison de l'engouement extraordinaire pour les mangas dans notre pays, le Japon a aujourd'hui une place particulière dans le paysage éditorial français. Le japonais est la deuxième langue la plus traduite en France. (Neuf traductions sur dix concernent le manga).
"Nous avons une double raison d'inviter le Japon, par solidarité après la tragédie qui l'a frappé et en raison des liens très forts qui unissent nos deux pays et nos littératures", souligne Antoine Gallimard, président du Salon et du Syndicat national de l'édition.
Cette année, un pavillon de 500 m2 est consacré aux lettres nippones. Une librairie nippone, des ateliers de japonais et de calligraphie, plusieurs conférences seront accueillis au Pavillon japonais. Une exposition est également consacrée au manga "Naruto" qui fête ses dix ans.
Les écrivains japonais vont ainsi témoigner de la richesse des lettres nippones mais aussi de leur état d'esprit un an après le drame. Plusieurs rencontres sont prévues sur le thème de la politique et du manga ou sur la littérature après Fukushima. Kenzaburô Oe, auteur des "Notes de Hiroshima" et prix Nobel de littérature en 2004 est l'invité d'honneur et participera à des débats autour de Fukushima.
Il n'y a pas "une littérature japonaise"
La littérature contemporaine jamonaise n'est pas "une" mais multiple, diverse et riche. "On ne peut pas parler de courant japonais", explique Philippe Picquier. La littératuire japonaise explore tous les genres, policier, érotique, la poésie. S'il fallait relever ce qui relie les auteurs japonais, c'est une certaine manière de transfigurer le réél, bien particulière à la culture japonaise et que l'on retrouve chez des auteurs comme Haruki Murakami, Yoko Ogawa ou Hideo Furukawa. Cette manière de naviguer d'un monde à l'autre, sans frontières, est désormais familière au public français, grâce au manga.
Ecrire après Fukushima
La catastrophe de Fukushima a ébranlé le Japon tout entier, et les écrivains en particulier. Le salon propose des débats autour de cette question. L'onde de choc a touché le monde des lettres, et en modifiera le mouvement. Kenzaburo Oe, interviewé par Philippe Forest dans le 600è numéro de la revue de la NRF l'exprime comme ça: "Jusqu'à présent, j'ai déclaré à plusieurs reprises que je n'écrirais plus de romans (et puis, au bout de quelques années, je me remettais à écrire), mais cette fois vraiment, j'avais le sentiment d'avoir achevé le dernier livre d'un romancier arrivé au bout de sa vie d'écrivain. Mais il y a eu Fukushima."
Deux conférences abordent ce thème de la catastrophe :"Du risque à la catastrophe" : littérature, politique, philosophie Avec Kenzaburô ÔÉ et Yoko Tawada, animé par Florent Guénard (Vendredi 16 mars à 16h) et "Japon, le traumatisme": en balayant les côtes du Japon et en inondant la centrale nucléaire de Fukushima, le tsunami a provoqué une onde de choc psychologique qui modifie le comportement des Japonais. Ecrivains et experts témoignent de ce changement sans précédent (Vendredi 16 Mars 2012 à 17h30).
Tout le programme Japon au salon
Dix livres pour entrer dans la littérature japonaise, par Philippe Picquier
1/ Les années douces, Kawakami Hiromi. Tsukiko croise par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs, son ancien professeur de japonais. Insensiblement, au fil des rencontres, les liens se resserrent entre eux.
2/ Tokyo électrique. Cinq écrivains japonais de premier plan livrent leur vision de Tokyo.
3/ Alors Belka, tu n'aboies plus ? Furukawa Hideo. En 1943, l’armée impériale japonaise laisse derrière elle quatre chiens sur une île déserte. Ils la quitteront, et leurs descendants se répandront sur la terre pour chercher, au fil de leur généalogie chaotique, un lieu où ils puissent se sentir véritablement à leur place. Un livre hors normes dans la littérature japonaise contemporaine qui repousse stylistiquement encore plus loin les frontières du réel et de la fiction.
4/ Le chat qui venait du ciel, Hiraide Takashi. Un couple emménage dans le pavillon indépendant d'une ancienne demeure japonaise, entourée d'un immense et splendide jardin, et au cœur de ce jardin, il y a un chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin. Le charme infini de ce livre tient dans la relation que le couple va peu à peu tisser avec ce chat, aussi magique et fugace qu'un don " venu du ciel ".
5/ Les bébés de la consigne automatique, Murakami Ryû. Hashi et Kiku, deux bébés abandonnés dans une consigne de gare, passent leur petite enfance dans un orphelinat. La recherche de leur identité les entraînera dans les bas-fonds de Tôkyô, où Hashi se prostitue avant de devenir un chanteur de rock adulé, tandis que Kiku, champion de saut à la perche, se retrouve en prison pour parricide...
6/ La submersion du Japon, Komatsu Sakyo. Les tremblements de terre qui secouent continuellement le Japon rappellent à tous les Japonais que le destin de l'archipel est d'être, un jour, englouti comme le fut l'Atlantide autrefois. Des îles s'enfoncent, des volcans se réveillent, des tsunamis engloutissent les terres? Les hommes politiques s'interrogent, les banquiers du monde entier s'inquiètent. Comment évacuer des millions de Japonais ? Un best-seller écrit en 1973 ...
7/ Les herbes du chemin, Natsume Soseki. Dans l'intimité du couple que forment Kenzô et sa femme, le quotidien scelle une entente faite de méprises et de malentendus. Mais sur Kenzô, pèse aussi la présence d'un père adoptif, une ombre que trouent de leurs feux intermittents les souvenirs que Sôseki rappelle à lui. L'auteur explore les incertitudes de la mémoire, ces lignes d'ombre où s'enchevêtrent les traces du passé et du présent, dans les eaux troubles de l'enfance.
8/ Interminablement la pluie, Kafû. Par petites touches, de confidences esquissées en dissertations sur les plaisirs de la vie, dans un lyrisme contenu, Kafû verse au coeur du lecteur un univers fait de poésie et d'élégance classique, d'érudition et de rêveries inépuisables. "Interminablement la pluie" est l'un des chefs-d'oeuvre, non seulement de l'oeuvre de Kafû, mais de la littérature japonaise de l'entre-deux-guerres.
9/ La poétesse et la dame de cour. A la fin du IXe siècle, de sombres complots obscurcissent l’horizon politique au Japon. L’Empereur Uda, qui aime les plaisirs des sens autant que ceux de l’esprit, décide de se tenir éloigné des intrigues de palais pour se consacrer à la création artistique, et s’entoure de poètes, de calligraphes et de peintres de talent qui feront briller l’art japonais d’un éclat nouveau. Parmi ces artistes, Dame Ise, poétesse admirée pour ses prouesses techniques et ses acrobaties verbales...
10/ Meurtres à la cour du prince Genji, Nagao Seio. Un roman policier dans le Japon du xie siècle, à la cour de Heian. Meurtres, violences, cruauté érotique et intrigues dans le fabuleux décorum des palais, dans le dédale mystérieux d'un Japon vieux de mille ans.
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