Le sex-seller "Cinquante nuances de Grey" débarque en France aujourd'hui
Alors ça y est, on l’a entre les mains. Impressionné, faut le dire. C’est tout même LE livre qui « enflamme le monde », comme le dit le communiqué de presse. Et qui aurait désinhibé des millions de femmes par rapport à leurs fantasmes SM, elles qui lisent ces aventures très chaudes dans le bus ou le métro, à New York et partout aux Etats-Unis.
Bon, est-ce vraiment une bonne idée de choisir un regard d’homme alors qu’à l’évidence, ce sont les femmes qui font son succès ? Il va falloir aller chercher sa part de féminité, pour éviter les gros sabots… On se jette à l’eau.
Premier constat, qui s’impose rapidement, l’écriture est tout à fait insipide. "Prends mes mains, souffle-t-il d’une voix rauque, basse et ô combien sexy". "Un sourire cruel s’épanouit sur ses traits". "Il referme les yeux : des myriades d’émotions traversent son visage", etc… Tout ça est très Harlequin.
Le sexe est évidemment omniprésent, pas de fausse pudeur c’est uniquement pour ça qu’on lit ce livre. Mais E.L. James a la délicatesse de soigner (un peu) les préliminaires. Page 37, on commence quand même à se douter qu’il va se passer quelque chose : "Je prendrai cinq mètres de cordes en fibre naturelle" dit Christian Grey, le beau et sulfureux PDG à la jeune étudiante dont il a décidé de faire son esclave sexuelle et qui, opportunément, travaille le week-end dans le Casto local.
56 pages plus loin, ça se précise avec un fougueux baiser dans la cabine d’ascenseur. "Vous êtes adorable, murmure-t-il en détachant chaque mot". Une bonne diction, c’est important.
Boudoir-salle de torture
Un drôle de type, ce Christian Grey. Le cœur sur la main, et la main toujours prête à se transformer en battoir. Le voilà qui, justement, présente à la jeune femme son boudoir-salle de torture. Chaînes, menottes, mousquetons et martinets, prêts à l’emploi. "Vous êtes un sadique ?" demande Anastasia. "Je suis un Dominant" répond son futur amant.
Toute l’histoire est là. Grey ne conçoit une relation sexuelle qu’entre Dominant et Soumise. Anastasia, toujours vierge à 21 ans, est partagée entre attirance et répulsion. Peut-elle tout accepter de l’homme qu’elle aime ? Une fessée passe encore, mais le fouet ? Et tout le reste, cet attirail effrayant ? 500 pages plus loin, on en est toujours au même point. Je l’aime, mais il me fait peur, se dit-elle. Elle me plaît, mais je suis obligée de la punir, c’est ma nature, se dit-il. Tout ça est très répétitif, le scénario est très mince.
Restent les scènes de sexe, plus imaginatives. Elles vont loin, sans tomber dans le hardcore. C’est le seul moment où on peut trouver un peu de justesse, notamment dans la description de ce sucré-salé érotico-pornographique, la découverte de ces vagues de plaisir dans la douleur, et vice-versa. Évidemment, à ne pas mettre entre toutes les mains.
Christian et Anastasia communiquent beaucoup par mails (ils occupent des pages entières) et par contrat, aussi (ça c’est plus drôle). Leur histoire ne fait que commencer. Deux tomes suivent ce premier volume. La grande fessée ne fait que commencer…
"Cinquante nuances de Grey" de E.L. James (JC Lattès)
551 pages - 17,00 euros
Sortie : le mercredi 17 octobre 2012
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