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Le Prix Fémina 2012 pour Patrick Deville

Patrick Deville a été couronné lundi par le prix Femina pour "Peste & Choléra" (Seuil), formidable épopée sur le destin d'un homme d'exception, Alexandre Yersin, explorateur en blouse blanche parti au bout du monde découvrir le redoutable bacille de la peste. Le Fémina étranger est décerné à Julie Otsuka pour "Certaines n'avaient jamais vu la mer" (Phébus).
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Patrick Deville (Paris, mai 2012)
 (Coutier Bruno / Sipa)

Peu avant le couronnement officiel, cette nomination a été annoncée à l'AFP par l'éditeur Seuil, qui avait également tweeté: "Grande nouvelle ce matin : Patrick Deville reçoit le Prix Femina pour Peste & Choléra ! Un grand bravo à lui !" Patrick Deville est aussi en lice pour le Goncourt et le Renaudot.

"C'est magnifique. On écrit toujours pour avoir le plus de lecteurs possible... On me reproche parfois (d'écrire) des livres pour les garçons eh bien la preuve est faite que non", a lancé l'écrivain, couronné par ce prix décerné par un jury composé uniquement de femmes.

Chercheur à l'Institut Pasteur, né dans le canton suisse de Vaud en 1863 et mort 80 ans plus tard à Nha Trang, dans l'actuel Vietnam, alors partie de l'Indochine française, Alexandre Yersin avait tout pour fasciner le romancier. Lui-même voyageur impénitent et esprit cosmopolite, Patrick Deville, né le 14 décembre 1957, a vécu dans les années 1980 au Moyen-Orient, au Nigeria, en Algérie, après des études de littérature et de philosophie. Dans les années 1990, il a séjourné à Cuba, en Uruguay, en Amérique centrale. 

Son héros travaille sur la tuberculose et la diphtérie à Paris, où il est arrivé à l'âge de 22 ans. Il découvre la toxine diphtérique et fait partie de ces Pasteuriens téméraires, souvent étrangers, qui entourent le vieux Louis Pasteur. Savant aux semelles de vent, Yersin part en Extrême-Orient, se fait marin, explore la jungle, voyage en Chine, à Aden, à Madagascar. Il achète des éléphants, des chevaux... Le tout entrecoupé de séjours parisiens. 

De retour en Asie, il découvre le bacille de la peste lors de la grande épidémie de Hong Kong en 1894. A Canton, il est le premier médecin à guérir un pestiféré. Il est aussi le premier à développer en Indochine la culture de l'hévéa, devient le roi du caoutchouc et travaille avec Michelin. Il est encore le premier à planter des arbres à quinquina et cultive la coca, alors plante médicinale. 

Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, déjà Prix du roman Fnac 2012, l'écrivain a suivi les traces de son héros autour du monde. Il s'est aussi plongé dans les milliers de lettres échangées par "la bande des Pasteuriens", conservées aux archives des Instituts Pasteur.

 

Le Fémina étranger pour Julie Otsuka

L'Américaine Julie Otsuka a, pour sa part, reçu le prix Femina étranger pour "Certaines n'avaient jamais vu la mer" (Phébus). Ce deuxième livre de la romancière d'origine japonaise est un récit bouleversant sur l'exil de milliers de jeunes Japonaises parties au début du siècle dernier épouser leurs compatriotes déjà installés en Californie. 

Julie Otsuka, lauréate du Prix Fémina étranger
 (AGF s.r.l. / Rex Featur/REX/SIPA)

Née en 1962 en Californie où elle a été élevée, diplômée en art et ancienne artiste peintre, Julie Otsuka vit aujourd'hui à New York. Dans son premier roman très remarqué et plusieurs fois primé aux Etats-Unis, "Quand l'empereur était un dieu", Julie Otsuka mettait déjà en scène ces camps de la honte où furent parqués, après l'attaque de la base américaine de Pearl Harbor en 1941, tous les citoyens américains d'origine japonaise, considérés désormais comme des ennemis. 

Son propre grand-père avait été arrêté par le FBI au lendemain de Pearl Harbor et sa famille internée pendant trois ans au camp Topaz, dans l'Utah. L'intrigue de "Certaines n'avaient jamais vu la mer" se déroule essentiellement avant la Seconde guerre mondiale.     

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