"La vie critique" : Arnaud Viviant en anti-héros
Alors, quand Arnaud Viviant fait le choix de se soumettre à son tour à la critique et d’affronter son lecteur, on s’attend forcément à quelque chose de fort, de puissant. A propos duquel on puisse s’écharper, se déchirer, entre les violemment pour et les passionnément contre.
Raté. Pas le livre, le débat. "La vie critique" est un petit bouquin pastel, plutôt sage, plutôt sympathique, assez souvent drôle. Teinté d’autodérision, même si l’auteur se regarde beaucoup le nombril, une de ses critiques pourtant les plus régulières à l’encontre des autres écrivains.
Le sujet ? La vie d’un critique littéraire ("journaliste prolétarisé"), frustré de ne pas être rock star, qui traîne son ennui en Suisse, traverse Paris en scooter, boit trop, manque écraser des religieuses, et arrive imbibé dans le studio du "Masque" dont il finit par se faire virer pour avoir manqué de respect aux grands auteurs haïtiens. Un peu de sexe triste, aussi, et de regrets éternels.
Petit piment offert par l’auteur : son goût pour le sadomasochisme, sous la coupe d’un improbable Maître, imprimeur à la retraite à Versailles, sur le paillasson duquel il s’abandonne enfin.
"Coucou, leur fit-il en pensant que cela ferait plus suisse" se souvient le critique, découvrant la maigre assemblée venue suivre sa conférence sur les rives du Lac de Genève. On sourit, un peu. Un tipeu, comme l’écrit joliment Viviant. Qui nous laisse l’étrange impression de rouler avec le frein à main, de ne pas se lâcher autant qu’on pourrait l’espérer.
"La vie critique" d’Arnaud Viviant (Belfond) 188 pages – 17,50 euros
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