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La guerre, le corps, l'amour : une rentrée littéraire 2013 radicale

Corps et coeurs brisés, nostalgie et radicalité politique marquent de leur empreinte la rentrée littéraire 2013. Côté chiffres, avec 555 romans, dont 357 français et 198 étrangers, l'avalanche éditoriale de cette rentrée repasse pour la première fois depuis douze ans sous la barre des 600 nouveautés.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une rentrée littéraire entre passion, corps et révolte
 (Laurence Houot / Culturebox)
Reportage : A. Saurat-Dubois, K. Makdeche, F. Tormos, C.Kenck, L. Ledu, G. Truffaut, G. Ocean
Les guerres

Le roman époustouflant de Pierre Lemaître sur les rescapés de 14-18, devenus les parias d'une France qui préfère glorifier ses morts, est un livre saisissant, cruel et sans tabou qui lance la vague des parutions sur 14-18 à l'aube de la commémoration du début de la Grande Guerre : "Au revoir là-haut" (Albin Michel) de Pierre Lemaître, qui fait sa première incursion hors du polar. L'auteur dépeint le scandale de ces poilus meurtris, exclus de la société au retour des tranchées. Au coeur du roman, les profiteurs de l'après-guerre et deux vétérans qui imaginent une arnaque spectaculaire pour défier l'Etat ingrat. Guerre et tragédie emplissent aussi "Le quatrième mur" de Sorj Chalandon (Grasset). Un metteur en scène veut monter "L'Antigone" d'Anouilh à Beyrouth et se retrouve submergé par la violence.

Le corps 

Violence encore, mais celle du corps malade, se retrouve dans deux romans vertigineux entre fantastique et univers médical : "Palladium" de Boris Razon (Stock), récit autobiographique de sa paralysie hallucinée pendant des mois, et "Lady Hunt" (Actes Sud) de Hélène Frappat qui inflige à son héroïne une maladie rare et terrifiante, la chorée de Huntington. Dans "Béton armé" (La Table Ronde), Philippe Rahmy, atteint de la maladie des os de verre, plonge lui son narrateur dans un corps-à-corps avec la mégalopole chinoise. Brigitte Giraud suit elle dans "Avoir un corps" (Actes Sud) les étapes physiques qui rythment la vie d'une femme. Julie Bonnie rend un hommage vibrant au corps des femmes dans "Chambre 2" (Belfond) tandis que "Kinderzimmer" de Valentine Goby (Actes Sud) parle de maternité, de maladie et du corps féminin... dans un camp de concentration. Les corps se rejoignent dans "Nue" de Jean-Philippe Toussaint (Minuit), quatrième et dernier volet des aventures de Marie, son fol amour. Un roman à l'écriture virtuose où l'auteur parle d'amour comme personne.

L'amour

Japon, amour et nostalgie bercent deux romans: "Les Evaporés" (Flammarion), de Thomas B. Reverdy, enquête envoûtante sur une disparition dans un pays meurtri après Fukushima, et "La nostalgie heureuse" (Albin Michel), retour mélancolique d'Amélie Nothomb sur les lieux de son enfance japonaise. Véronique Ovaldé emporte elle le lecteur en Californie dans un magnifique roman, "La grâce des brigands" (L'Olivier). Maria Cristina y a fui une famille asphyxiante. Son héroïne découvre la liberté, le sexe, devient écrivain, tente d'échapper à l'emprise familiale et à celle d'un amant avant que l'amour surgisse par surprise. Dans "Il faut beaucoup aimer les hommes" (P.O.L), Marie Darrieusecq fait naviguer les coeurs entre Los Angeles et Afrique. L'héroïne de "Clèves" (2011) est devenue actrice à Hollywood et tombe follement amoureuse d'un acteur qui a grandi en Afrique. Elle attend fébrilement ses textos, se désespère. Le texto joue aussi le médiateur amoureux ou tyrannique dans "Moment d'un couple" de Nelly Alard (Gallimard), chronique d'une passion pathologique, parisienne et moderne. Quand son mari avoue à Juliette sa liaison avec une élue socialiste, sa vie vacille... Passion encore avec "Plonger" (Gallimard) de Christophe Ono-dit-Biot. Le narrateur enquête sur la mort mystérieuse de sa femme. Il remonte le fil de leur histoire d'amour dans une "époque où il devient de plus en plus difficile d'aimer".

La société

Société déboussolée, révolte et démons intérieurs hantent "Les renards pâles" de Yannick Haennel (Gallimard), rencontre entre un solitaire en rupture et une insurrection de sans-papiers, et "Faber Le Destructeur" de Tristan Garcia (Gallimard), roman de la tentation de la radicalité et des illusions perdues. Loïc Merle explore dans un premier roman, d'une rare maîtrise, "L'esprit de l'ivresse" (Actes Sud), les banlieues qui s'enflamment, soubresauts d'un grand corps malade. Quant à Pierre Mérot, il dépeint dans "Toute la noirceur du monde" (Flammarion) la dérive d'un enseignant qui bascule dans l'extrême droite la plus infâme. Dominique Paravel dans "Uniques" (Serge Safran éditeur) fait se croiser des êtres encrés dans la réalité sociale d'aujourd'hui : le monde des mères célibataires, du chômage, du travail précaire, des plans sociaux, des pauvres retraites ou de la consommation à outrance…

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