John Le Carré, ardent europhile, avait pris la nationalité irlandaise avant sa mort
C'est son fils Nick Cornwell qui a révélé cette information avant la diffusion d'une émission de radio sur la BBC, consacrée au célèbre écrivain disparu en décembre.
Le maître du roman d'espionnage britannique était un farouche opposant au Brexit. Peu de temps avant sa disparition en décembre dernier, il avait pris la nationalité irlandaise, a indiqué l'un de ses fils. Nick Cornwell révèle cette information dans une émission de radio qui doit être diffusée samedi 3 avril sur la BBC, produite par un ami de l'écrivain, Philippe Sands.
"Au moment de sa mort, il était devenu un citoyen irlandais", a confié Nick, cité dans un article publié jeudi par Philippe Sands dans The Times (article en anglais réservé aux abonnés) en amont de la diffusion. Il ajoute que "l'une des dernières photos" qu'il a de son père montre celui-ci "assis, enveloppé dans un drapeau irlandais, souriant".
Retour aux sources à Cork
Réalisant qu'il avait des origines irlandaises, John Le Carré s'est rendu dans le Sud de l'Irlande : "Il est allé à Cork, d'où venait sa grand-mère, et a été accueilli par l'archiviste de la ville dans un tout petit endroit. Elle lui a dit : 'Bienvenue à la maison'", a raconté le fils de l'écrivain.
Le Brexit a provoqué un afflux de demandes de la nationalité irlandaise de la part de Britanniques ayant des origines dans ce pays, pour conserver la liberté de circulation dans l'Union européenne.
John Le Carré a été emporté par une pneumonie le 12 décembre 2020 à l'âge de 89 ans. Le Carré, de son vrai nom David Cornwell, a écrit vingt-cinq romans et un volume de mémoires, The Pigeon Tunnel (2016). Il a vendu au total plus de soixante millions de livres dans le monde. Il s'était inspiré de sa carrière d'agent secret, ruinée par l'agent double britannique Kim Philby qui avait révélé sa couverture et celle de nombreux de ses compatriotes au KGB, le poussant à démissionner du MI6.
Dans son dernier roman, il étrille Boris Johnson et le Brexit
Dans son dernier roman, paru en octobre 2019, cet europhile dressait un portrait sans concessions du Premier ministre Boris Johnson dépeint en "porc ignorant", et qualifiait le Brexit de "folie". Intitulé Agent Running in the Field, le roman se déroule en 2018 et raconte l'histoire de Nat, un agent de 47 ans du MI5, le service de renseignement britannique, en proie au doute quant à l'avenir de son pays et qui révèle à sa fille ses choix de carrière.
Décrivant une Grande-Bretagne en "chute libre", Nat fait l'inventaire des raisons qui l'amènent à douter de l'absence de pouvoir démocratique dans son pays. Dans son article, Philippe Sands souligne aussi l'amour de John Le Carré pour l'Allemagne et la langue allemande qu'il parlait couramment.
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