"Docteur Sleep" de Stephen King : bien plus qu’une simple suite de “Shining” !
Il avait échappé à la folie meurtrière de son père, dans les couloirs le l’Overlook, ce terrifiant hôtel perdu dans les neiges des Rocheuses... On retrouve avec plaisir Danny Torrance, ses prémonitions et ses visions. Le petit garçon a grandi, mais ses cauchemars ne l’ont pas quitté. Adulte et alcoolique, il a touché le fond, avant de trouver un semblant d’équilibre dans un hospice du New Hampshire où ses dons lui permettent d’accompagner en douceur les mourants, ce qui lui vaut le surnom de Docteur Sleep.
Danny va entrer en contact avec Abra, une petite fille dotée des mêmes pouvoirs… en nettement plus puissants. Avec elle, il va croiser le fer avec une effroyable meute de tueurs d’enfants, déguisés en banals camping-caristes.
Tout est en place pour un récit haletant, gorgé de nouvelles scènes angoissantes. Stephen King réussit parfaitement son dosage. Danny est certes l’héritier de Shining, mais on s’éloigne beaucoup de l’histoire initiale. C’est tout sauf un remake ou une visite respectueuse de l'hôtel de l’horreur.
Et Stephen King n’oublie pas ce qui fait son charme et sa force : ses descriptions si justes du quotidien de l’Amérique profonde, d'une réunion des Alcooliques Anonymes au spleen d'un SDF, ou à l’angoisse d’une cancéreuse face à la mort qui vient. C’est toute la différence entre King et la plupart des autres auteurs qui, comme lui, gravitent dans le "fantastique". Avant de sortir ses vampires, il explore, il interroge, il décrit. Et c’est peut-être là qu’il est vraiment le meilleur.
Voilà un auteur célébrissime, qui pourrait se contenter d’exploiter un fond de sauce unique, et qui, tout au contraire, n’hésite jamais à se mettre en danger, à explorer de nouveaux territoires, et à bousculer son propre mythe. Après les "Dômes" et le sensationnel "22/11/63", basé sur l’assassinat de JFK, Stephen King revient ici à un registre plus familier et gagne encore une fois. Chapeau, l’artiste.
"Docteur Sleep" de Stephen King (Albin Michel) – 587 pages – 25,00 €
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