"Dans le jardin de l'ogre" de Leïla Slimani : brûlant comme la glace !
Voici un premier roman qui frappe fort, très fort. Sans le moindre préliminaire, Leïla Slimani impose son personnage, Adèle, jeune femme, mariée et mère. Nymphomane.
Adèle cherche. Tout le temps. Son esprit vagabonde, ses pulsions la téléguident. Ce soir, elle finira encore dans le lit d'un inconnu. Elle se dégoûtera. En rentrant, elle embrassera son mari et son petit garçon déjà endormi, honteuse et déjà excitée par la nouvelle aventure du lendemain.
Le sexe que décrit abruptement Leïla Slimani est gris, brutal, sauvage même. Il n'est jamais synonyme de bonheur ou même, plus modestement, de plaisir. Car Adèle ne cherche que des situations, dont elle surtout l'observatrice. Lorsqu'un amant de passage s'agite sur elle, elle observe les fissures au plafond. Le danger ne fait qu'aiguiser davantage son besoin, attirance irrépressible vers le gouffre.
A ce rythme là, peu de chance que ça se termine bien. La course folle va forcément finir en sortie de route, et, au fond d'elle-même, Adèle espère sans doute la punition, lassée de mentir, de s'inventer des soirées de bouclage au journal alors qu'elle cherche la mésaventure dans un Eros Center glauque.
L'écriture de Leïla Slimani est impressionnante de maîtrise et de justesse. Chaque mot est à sa place, jusqu'à la dernière ligne. La lecture de "Dans le jardin de l'ogre", chirurgical et glacé, est tout simplement sidérante.
"Dans le jardin de l'ogre" de Leïla Slimani (Gallimard) – 215 pages – 17,50 €
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.