Cet article date de plus de dix ans.
Chartres retrouve sa place dans "Du côté de chez Swann"
En octobre 2013, à l’occasion du centenaire de la première publication de "Du coté de chez Swann" de Marcel Proust, les épreuves originales du manuscrit ont été rééditées. On y découvre que Proust fait plusieurs fois référence à Chartres. Une révélation pour les Chartrains car dans les ouvrages publiés à partir de 1919, toute référence à cette ville avait disparu. Voilà pourquoi.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Reportage : Corinne Jean-Joseph, Pascal Franco
Pour l’Eure-et-Loir, Proust fait partie du patrimoine. Le célèbre écrivain s’est en effet largement inspiré d’Illiers, le village de son enfance et berceau de sa famille paternelle, pour écrire « Du côté de chez Swann ». Ce premier tome de la saga « A la recherche du temps perdu » est lui-même divisé en trois parties (vous me suivez toujours ?). La première s’intitule « Combray ». C’est le nom fictif donné par Proust à Illiers (qui l’a d’ailleurs entériné car la commune s’appelle désormais Illiers-Combray).
Mais si le nom de Combray est fictif, c’est bien la « vraie » Chartres qui est évoquée dès 1908 dans les manuscrits préparatoires de Proust, à la fois comme ville et comme cathédrale. Et c’est bien elle qu’on retrouve dans la première publication de « Du côté de chez Swann » le 14 novembre 1913. Mais dès 1917, dans la correction de la réédition qui paraîtra en 1919, Combray ne se trouve plus en Eure-et Loire mais dans les plaines de Champagne et de Picardie. Et Chartres devient Reims ou Laon. Car Proust veut que son roman se passe sur la ligne de front.
Ce changement dans la « géographie romanesque » du livre a pu froisser les Chartrains. Heureusement, à l’occasion du centenaire de la première publication, une édition exceptionnelle permet de retrouver les références originales. Limitée à 1200 exemplaires (tous numérotés) il s’agit des premières épreuves de « Du côté de chez Swann », partie « Combray », publiées avec les additions manuscrites (ce qui double le volume du texte initial !). Pour les amoureux de Proust, c’est un beau cadeau car l’ouvrage reproduit ce qu’on appelle « les paperoles », des bouts de papier collés à la main, sur la marge et qui comportent de nombreuses annotations écrites à la main par Proust (pour faciliter la lecture et la compréhension, une transcription imprimée a été ajoutée).
Cet ouvrage vraiment unique, qui ne sera pas réimprimé, a été publié en partenariat avec la Fondation Martin Bodmer, et a bénéficié du mécénat de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent et du Conseil Général d’Eure-et-Loir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.