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Alain Mabanckou, le retour à Pointe-Noire

Dans "Lumières de Pointe-Noire", l'écrivain retrouve sa ville de Pointe-Noire après une absence de vingt-trois ans. La famille, les amis, et l'ombre des absents. Un parcours plein d'émotion et de sensibilité dans la cité portuaire congolaise.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Alain Mabanckou
 (BALTEL/SIPA)
"Lumières de Pointe-Noire" d'Alain Mabanckou
 (Seuil)
Ce n'est pas n'importe quel voyage. C'est un retour aux sources, mais c'est aussi le choix d'affronter enfin des moments enfouis, des mensonges et leurs conséquences. Lorsqu'il décide de revoir la ville où il a grandi, et dont il connaît chaque centimètre carré, Alain Mabanckou sait qu'il va remuer le passé, devoir s'expliquer ou, au moins, accepter le trouble que ses choix ont pu susciter.

Dès les premières pages, il nous met au parfum. "J'ai longtemps laissé croire que ma mère était encore en vie. Je m'évertue désormais à rétablir la vérité, dans l'espoir de me départir de ce mensonge qui ne m'aura permis jusqu'alors que d'atermoyer le deuil". 

Mabanckou n'a pas vu vieillir sa mère, il ne l'a pas vue mourir, il n'est pas allé à ses obsèques. Pas davantage à celles de son père adoptif. Pourquoi ? On devine, on suppose, on échaffaude, mais la réponse ne tombe pas du ciel. Il y a de l'amour, mais aussi de mauvais souvenirs, des malentendus. Dans ses bagages, il emporte tout ça, prêt à affronter les questions, les critiques de ceux qui sont restés. 

Alain Mabanckou décrit magnifiquement ses retrouvailles avec la ville, quartier par quartier. Ses souvenirs sont précis, l'enfant est prêt à ressurgir à chaque coin de rue. La promenade est belle et parfois faite de détours (il n'ira pas au cimetière). Les amis sont là, la famille, les vieux profs. Comme partout, il y a des héros et des profiteurs. Mabanckou se faufile entre les personnages, parfois embarrassé par cette image de star de la littérature qui lui colle à la peau et nourrit les fantasmes. 

"Cette ville et moi, nous sommes en union libre, elle est ma concubine, et cette fois je semble lui dire adieu" écrit-il dans les dernières pages. C'était donc ça ? Un voyage d'adieu ? Pas si sûr... 

"Lumières de Pointe-Noire" d'Alain Mabanckou (Fiction & Cie - Seuil) 282 pages - 19,50 euros  parution le 3 janvier 2013

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