Rentrée littéraire : des incontournables et des outsiders
Premier ouvrage guetté par les médias : "Rien ne se passe comme prévu" (Grasset) de Laurent Binet, le journal sur le vif de la campagne de François Hollande. Il sort mercredi. L'auteur de "HHhH", Goncourt du premier roman en 2010, y raconte avec une subjectivité assumée les coulisses de la course à l'Elysée dans un livre très différent de celui de Yasmina Reza qui avait suivi Nicolas Sarkozy en 2007.
Egalement très attendu, Olivier Adam signe "Les Lisières" (Flammarion), tantôt voyage intérieur, tantôt regard sur les déclassés. L'écrivain de 38 ans, Malouin d'adoption, met en scène un auteur torturé que l'hospitalisation de sa mère contraint à retourner dans l'austère banlieue de son enfance.
De son côté, Laurent Gaudé renoue avec le souffle épique et consacre "Pour seul cortège" (Actes Sud) au crépuscule du roi de Macédoine Alexandre le Grand (-356 / -323).
Jean Echenoz sort quant à lui "14" (Minuit), dans lequel il narre le destin de cinq jeunes gens partis au front.
Avec sa légendaire régularité, Amélie Nothomb sort son 21e roman en vingt ans. Dans "Barbe bleue" (Albin Michel), elle revisite le conte de Perrault.
De "L'herbe des nuits" (Gallimard) de Patrick Modiano, seuls les premiers mots sont connus: "Pourtant je n'ai pas rêvé."
Philippe Djian n'est pas en reste avec "Oh..." (Gallimard), dernière parole de son héroïne qui s'enfonce dans une spirale de mort et de sexe.
Après six ans dédiés au théâtre, Florian Zeller revient au roman avec "La Jouissance" (Gallimard), portrait en parallèle d'une génération de trentenaires et des pays qui ont construit l'Europe.
Véronique Olmi avec "Nous étions faits pour être heureux" (Albin Michel), Agnès Desarthe avec "Une partie de chasse" (L'Olivier), ou Linda Lê et sa "Lame de fond" (Bourgois) espèrent confirmer leur succès grandissant.
Christine Angot a écrit "Une semaine de vacances" (Flammarion). Au menu, pédophilie, crudité des rapports et des mots.
Du côté des personnalités de la tétévision, Bernard Pivot romance son autobiographie dans "Quelle est la question ?" (Nil).
Du côté des auteurs étrangers
Dans "Joseph Anton" (Plon), Salman Rushdie relate ses années de clandestinité après la fatwa lancée contre lui par le régime iralien à la fin des années 80.
"Némésis" (Gallimard) de Philip Roth est très attendu, tout comme "Home" (Bourgois) de la Nobel de littérature Toni Morrison.
Plus trash que jamais, le romancier satirique américain Chuck Palahniuk met en scène, dans "Snuff" (Sonatine), une star du porno sur le retour qui couche avec 600 hommes en une seule nuit devant les caméras...
Dans un tout autre genre, "Une place à prendre" (Grasset), premier roman pour les adultes de la Britannique J.K. Rowling, créatrice désormais richissime de Harry Potter, devrait créer l'événement le 28 septembre.
Quelques outsiders
Parmi les outsiders dont on devrait beaucoup parler, Aurélien Bellanger fait entendre une voix originale dans un premier roman très "houellebecquien": "La Théorie de l'information" (Gallimard), odyssée d'un geek milliardaire et mégalo mais aussi réflexion sur l'omniscience d'internet.
Tout aussi remarquable de maîtrise pour un premier roman, "La Déesse des petites victoires" (Anne Carrière) de Yannick Grannec retrace la vie du mathématicien Kurt Gödel, auteur du théorème d'incomplétude. Nul besoin d'être féru d'algorithmes pour être emporté par l'histoire de ce génie fragile pris dans la tourmente d'un siècle impitoyable.
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