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"Bashung l'imprudent" de Bruno Lesprit et Olivier Nuc

Deux ans après la mort d'Alain Bashung, se plonger dans cette biographie permet de mieux comprendre ce personnage sombre, tourmenté, au talent exceptionnel.
Article rédigé par franceinfo - Pierre-Yves Grenu
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Alain Bashung en concert à Nancy en 2008
 (DR / POL EMILE/SIPA)

Respectivement journalistes au Monde et au Figaro, Bruno Lesprit et Olivier Nuc, rencontrent Alain Bashung quelques jours après la sortie de son dernier album "Bleu Pétrole", en mars 2008. Le chanteur, qui n'a plus qu'un an à vivre, met la barre très haut, comme toujours : "Je suis d'accord pour participer à un livre, à une condition : qu'il soit digne de nous". Lesprit et Nuc n'ont pas trahi l'artiste. Ce "Bashung l'imprudent" tient son cap : nous aider à décrypter un personnage énigmatique, qui tenait une place à part dans la chanson et le rock français, sans arrondir les angles ou travestir la vérité.

Au début était Baschung. Baschung, avec un "c" qui s'effacera au moment de monter sur scène. Né à Billancourt, mais élevé en Alsace ("dans l'ennui et la tristesse") il s'y sentira "étranger", un sentiment conforté par la découverte que celui qu'il prenait pour son père ne l'est pas. Son géniteur, un ouvrier kabyle, Bashung n'essaiera jamais de le rencontrer. Cette rupture de l'enfance, on la retrouvera souvent dans les détours de son oeuvre.

C'est lorsqu'il revient à Paris qu'Alain Bashung se découvre des goûts et une vocation. Son début de carrière ? Chanteur de variétés ! Il rêve de gloire mais il est malheureux et emprunté sur scène. Il lui faudra longtemps pour s’apprivoiser en public et, enfin, approcher le plaisir de la performance artistique.

Un Bashung déconcertant
Lesprit et Nuc ont rencontré tous les témoins de ces années de galère, puis les camarades paroliers et musiciens avec qui il va, enfin, prendre de l’envergure. Avec Bashung, la vie n’est pas facile. Son exigence totale le fâche avec beaucoup. Et l’homme n’a pas que des qualités. Les auteurs ont le mérite de ne rien nous cacher, au risque de parfois ébrécher la belle image de l’interprète de « Gaby ».

En vieillissant, il est de moins en moins chanteur, de plus en plus rockeur. De plus en plus sombre aussi. Dans sa carrière comme dans sa sphère privée, Bashung souffre souvent. Mais il produit des pépites, inoubliables. Pointue, cette biographie nous promène de scènes en studios, dans le sillage d’un Bashung parfois déconcertant, souvent génial. 

Sa dernière année est hors du temps. Son cancer est connu de chacun, les chimios l’épuisent, mais il se lance dans une tournée à rallonges. Il est au bord de la rupture ? La communion avec le public lui redonne du souffle. Bashung s’éteint quelques jours après avoir été le héros des Victoires de la musique. Tous ceux qui l’admirent ne peuvent oublier cette ultime image, sa fragilité, ses quelques mots. Il n’est déjà plus qu’une ombre, dernière étape d’une vie et d’une carrière riches et chahutées. 

"Bashung l'imprudent" de Bruno Lesprit et Olivier Nuc (Editions Don Quichotte)
400 pages – 19,90 euros

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