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Propos anti-policiers de Yann Moix : 6 policiers demandent à rencontrer l'écrivain

Six policiers demandent à rencontrer Yann Moix, l'écrivain polémiste qui a récemment accusé leur profession de "se victimiser", ont indiqué vendredi leurs avocats. Le chroniqueur a dit mardi sur LCI "regretter des mots grossiers" après des propos anti-policiers tenus le 22 septembre sur C8 qui ont suscité plus de 2.000 plaintes de téléspectateurs auprès du CSA.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Yann Moix en mars 2018
 (MATHIEU PATTIER/SIPA)

Mes Françoise Berrux et Séverine Millet ont fait part du souhait de leurs clients dans une lettre ouverte à l'écrivain. "Nos clients ont pu se sentir offusqués par vos propos", "ils n'entendent pas polémiquer" mais "proposent de vous rencontrer au sein du cabinet, hors caméra" afin de "débattre, ou au moins que vous les écoutiez". "Ils pourraient vous faire part de leur quotidien professionnel et ne soyez pas étonné s'ils évoquent la nuit du 13 novembre 2015, lors de laquelle, en patrouille au sein de la BAC 94, ils sont arrivés les premiers sur place au Bataclan, scène d'horreur sans précédent", poursuivent les deux avocats. 

"Yann Moix est évidemment ouvert à des échanges, formels ou informels, avec des policiers, particulièrement ceux intervenus dans des conditions épouvantables au Bataclan", a déclaré l'avocat de l'écrivain, Me Patrick Klugman. 

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé jeudi dans un tweet qu'il portait plainte contre l'écrivain après ses propos anti-policiers "injurieux et diffamatoires", qui ont suscité la colère des syndicats. Une "démarche politique malheureuse plutôt qu'une construction juridique sérieuse", selon Me Klugman.

Le 22/09, l'écrivain et chroniqueur avait tiré à boulets rouges sur les forces de l'ordre dans l'émission "Les terriens du samedi" sur C8, où étaient invités le journaliste Frédéric Ploquin pour la sortie de son livre "La peur a changé de camp".  "Je disais avec des mots grossiers que je regrette, parce que c'est jamais bien les mots grossiers (...) que la police n'a pas à venir dire sur les plateaux qu'elle a peur puisque le signal envoyé n'est pas le bon pour être respecté", s'est-il justifié ce mardi 25 septembre sur LCI.

"J'ai manqué d'intelligence"

"Cette façon triviale de parler n'est pas la bonne. J'ai manqué d'intelligence sur cette manière de s'exprimer. Personne n'est anti-flic dans cette histoire, être anti-flic n'a aucun sens et aucun intérêt", a-t-il martelé. Le chroniqueur avait provoqué l'ire de la police et d'une partie des téléspectateurs après un échange dans l'émission "Les terriens du samedi" de Thierry Ardisson, où était invité le journaliste Frédéric Ploquin pour la sortie de son livre "La peur a changé de camp", qui évoque le travail des policiers "la peur au ventre" sur fond d'insécurité, et deux policiers venus témoigner.

"Vous venez dire ici que les policiers ont peur (...), que vous chiez dans votre froc", avait-il déclaré. "La peur au ventre, vous n'avez pas les couilles d'aller dans des endroits dangereux", avait-il ajouté, les accusant de se "victimiser".

"Je n'ai absolument rien contre la police"

"Je n'ai absolument rien contre la police, je suis et je reste absolument traumatisé par les violences policières que j'ai vues à Calais", a expliqué Yann Moix. "Je sais que la police manque de moyens, de préparation, qu'ils ont le sentiment d'être abandonnés par les politiques (...) On a le droit de temps en temps de sortir de ses gonds, de se mettre en colère, la preuve c'est que ça lance un débat. Si ça a blessé des gens, j'en suis désolé", a-t-il poursuivi au micro d'Audrey Crespo-Mara.

"La colère est mauvaise conseillère certes mais je vois encore avec l'Aquarius aujourd'hui que le problème des migrants qui est mon obsession numéro un n'est pas réglé", a-t-il ajouté.

A l'issue de l'émission samedi, "plus de 2.000" saisines de citoyens mais aussi de syndicats de policiers et d'une association de femmes de policiers, ont été reçues par le CSA. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait également dénoncé des propos "intolérables".

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