"Quand je lis je ne suis plus en prison" : la deuxième édition du Goncourt des détenus est lancée
La deuxième édition du Goncourt des détenus a été lancée ce mercredi 6 septembre à la prison pour femmes de Rennes en présence de la lauréate du prix en 2022, Sarah Jollien-Fardel. Dans ce centre pénitentiaire, elles seront une quinzaine à choisir leurs oeuvres préférées parmi la liste, dévoilée ce mardi, des seize romans sélectionnés. Au total, 40 établissements pénitentiaires, soit environ 600 détenus - hommes et femmes - participeront aux délibérations. Le prix sera remis le 14 décembre à Paris.
"Un grand honneur"
"On est les invisibles et on nous donne le droit à la parole", déclare devant des journalistes Alexandra, 45 ans, une des membres du jury rennais. Mireille, 57 ans, flattée du "grand honneur" de participer au jury, s'attend à des discussions "animées". "Quand je lis un livre, je ne suis plus en prison", déclare cette fan de l'écrivain Pierre Lemaitre, qui aime raconter des histoires à sa petite-fille de huit ans par téléphone.
"Permettez-vous toutes les audaces", a conseillé le président de l'académie Goncourt, Didier Decoin. "C'est une liste où on a mis un peu tous les genres littéraires", relève-t-il. "Il y en a un dans la liste, il est détestable", a prévenu de son côté Paule Constant, membre de l'académie. "Vous allez avoir le choix final, vous allez trouver les autres jurés obtus et vous aurez le plaisir de convaincre", a ajouté l'autrice. "Pour ma part, c'est compliqué d'avancer dans le livre si on le lit à contrecoeur", confie aux académiciens Alexandra, vêtue d'une élégante robe noire à pois blancs. "Laissez-le ! C'est que ce livre n'est pas fait pour vous", rétorque Paule Constant.
Comme le Goncourt des lycéens
"La culture a un rôle important : se divertir, s'extraire du milieu carcéral qui est assez pesant mais aussi se questionner, se remettre en question", a souligné le directeur adjoint de l'administration pénitentiaire, Thierry Donard. Les prisons françaises comptaient au 1er juillet 74 513 détenus pour 60 666 places, selon les chiffres de l'Administration pénitentiaire. Les détenus s'y plaignent de leur vétusté, de la promiscuité et du manque d'activités proposées.
Pour Sarah Jollien-Fardel, ce Goncourt des détenus pour son roman Sa préférée a été "un grand prix". "J'en suis très fière", a-t-elle dit. "Les rencontres ont été très riches car elles sont sincères. On n'est pas dans le petit milieu littéraire où tout le monde s'écoute parler", a-t-elle ajouté. Didier Decoin a souhaité au Goncourt des détenus, porté notamment par le Centre national du livre, "la même destinée que le Goncourt des lycéens", créé en 1988 et fortement prescripteur en termes de ventes.
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